Pas de belles photos à exhiber devant les copains, trop fauchés pour partir, et les collègues, coincés au boulot sous la grisaille. En guise de carte postale, cet été, ce sont des images de désarroi qui sont envoyées aux proches. Des paysages de désolation au lieu de plages paradisiaques. Des touristes désemparés qui plient bagage dans la panique. Désertant les hôtels luxueux des bords de mer pour un campement de fortune à l’aéroport de Rhodes. Leurs vacances de rêve sont parties en fumée.
Les témoignages racontent l’immense déception, les sueurs froides dans la fournaise. Les professionnels craignent les retombées sur une saison difficile à sauver. Ces terribles incendies, qui ravagent actuellement les îles grecques, sont essentiellement vus sous l’angle des pertes économiques liées aux évacuations des visiteurs étrangers. On parle d’un manque à gagner considérable, d’un PIB qui va chuter.
Pas un mot sur le drame humain qui se joue sous les yeux du monde entier. Les populations locales, forcées d’abandonner leurs toits piégés dans l’enfer du brasier. Les employés chassés de ces établissements et restaurants contraints à la fermeture. L’on s’inquiète d’abord de savoir si le séjour gâché pourra être remboursé. Pas de savoir comment s’en sortiront ces gens qui ont tout perdu. Leur vie de labeur réduite en cendres.
La tragédie grecque devrait nous faire réfléchir plus sérieusement. Nous interpeller au-delà de l’actualité brûlante. Au-delà du catastrophisme ambiant et des prévisions alarmistes. Ce mois de juillet sera le plus chaud jamais mesuré, selon les météorologues. Avant, sans doute, août, septembre, etc. Et après? Derrière les records qui frappent les esprits, il y a des morts que l’on oublie vite.
Et une réalité que d’aucuns refusent encore de voir. Les phénomènes incontrôlables, dévastateurs et meurtriers ne vont pas subitement cesser. Pas plus qu’ils ne baisseront de fréquence ni d’intensité. Canicules et sécheresses ne sont plus seulement des aléas climatiques, il va falloir se résoudre au changement. Et s’y adapter. Les habitudes de consommation devront nécessairement évoluer, autant que les mentalités. Les belles photos de vacances peuvent attendre. Il y a plus urgent.
Alexandra Parachini