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Tout ça pour 3,4%

Au troisième trimestre 2014, la dette publique de l’ensemble de la zone euro s’élevait à environ 9 247 milliards d’euros (selon Eurostat, l’office de statistiques de l’Union européenne). Celle de la Grèce s’élevait à environ 315 milliards d’euros. C’est-à-dire à peu près 3,4 % de la dette de l’ensemble de la zone euro.

Pas plus tard que samedi, le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, a de nouveau mis la pression. «Il faut beaucoup plus de travail, c’est urgent», a-t-il asséné au gouvernement de gauche Syriza, qui se doit de proposer des réformes «chiffrées» et qui doit prendre en compte leur «impact budgétaire».

Autrement dit, la Grèce doit poursuivre la politique d’austérité menée depuis plusieurs années si elle veut recevoir la dernière tranche d’aide prévue de son programme de soutien afin de pouvoir payer sa dette et éviter le défaut de paiement. Derrière ce défaut, la perspective d’une sortie de la Grèce de la zone euro n’est pas totalement à exclure. Au-delà du débat sur le bien-fondé politique et économique de l’austérité imposée à la Grèce, les conséquences de son éventuelle sortie devraient faire réfléchir les autres membres de la zone euro.

Deux versions s’affrontent. Les uns craignent un effet domino. Une fois la Grèce sortie, des pays fortement endettés tels que le Portugal ou l’Italie seraient menacés et verraient leur taux d’emprunt s’envoler sur les marchés financiers, risquant à leur tour de faire défaut sur leur dette. L’autre version consiste à dire que l’impact d’une sortie de la Grèce serait mineur. Que la Grèce représente un poids négligeable et que les marchés ont déjà anticipé un tel scénario.

Le problème avec cette dernière version est qu’elle part du postulat que les fameux marchés ne sont pas portés par des femmes et des hommes avec leurs intérêts et leur psychologie propres, mais qu’ils sont des éléments froids, privés de tout sentiment, raisonnés et raisonnables, qui s’appuient sur des données concrètes et tangibles. Au vu de l’histoire récente, il est possible d’en douter.

Prendre de tels risques pour 3,4 %, vraiment, est-ce bien raisonnable ?

Nicolas Klein (nklein@lequotidien.lu)