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Tournant sanitaire

Le double débat mené ce mercredi à la Chambre sur la base de deux pétitions publiques permet de mieux sentir le pouls de la société, près de deux ans après le début de la pandémie. D’un côté, la revendication de lever sans trop tarder les restrictions, avec au passage une remise en cause de l’apport du vaccin anticovid. De l’autre, un plaidoyer pour continuer à jouer la carte de la prudence en alliant vaccination et dépistage à grande échelle, tout en louant la politique sanitaire menée jusqu’à présent. Entre les deux se trouvent un gouvernement et une Chambre des députés qui clament chercher et trouver en permanence le bon équilibre entre mesures anticovid pour endiguer le risque sanitaire et maintien de libertés pour assurer le bien-être mental de la population.

Comme si souvent depuis le début de la pandémie, il est impossible de donner satisfaction à l’ensemble de la population. On dit d’ordinaire que si tout le monde râle, le juste milieu a été trouvé. Ce constat sert aussi à fortement relativiser une supposée «division» de la société. La pression exercée ces derniers mois sur les non-vaccinés, en imposant le régime 2G, est allée très loin. Peut-être même trop loin si l’on considère le nombre plutôt faible de personnes qui ont fini par se faire vacciner. Mais la vaccination progresse toujours.

Il ne faut également pas oublier qu’une très large majorité de la population adhère aux mesures prises. Près de 80 % des habitants du pays sont vaccinés. Ce taux ne doit cependant pas constituer un chèque en blanc pour discriminer la minorité de covidosceptiques, antivaccins et antirestrictions. À condition toutefois que le respect mutuel soit présent. Argumenter qu’il faut se focaliser sur les personnes vulnérables, aussi en matière de vaccination, et laisser les autres en paix est condamnable. Il en va de même si l’on reproche aux médias de se contenter de «propager la peur».

Aujourd’hui, un nouveau tournant sanitaire s’annonce. Le gouvernement est amené à décider si le retour à la vie normale est possible. L’exercice d’équilibriste est, encore une fois, engagé. Au vu de ce qui a été discuté ce mercredi à la Chambre, il semble déjà acquis que même une levée intégrale des restrictions ne satisfera pas tout le monde.