Des ministres souriants sur le banc de la Chambre des députés. De longues accolades, une présentation attendue et entrant dans les canons du genre. Avec un budget qui dépasse les 20 milliards d’euros, une dette qui passe sous la barre des 20 % du PIB pour la première fois depuis 2011 et une politique forte d’investissement, le gouvernement avait de quoi être détendu. Tout ronronnait. C’était le monde parfait. Nous étions le 15 octobre 2019. Le Grand-Duché ne s’attendait pas à vivre les tempêtes qui ont ensuite déferlé sur le pays.
Aujourd’hui, dire que le rendez-vous de l’état de la Nation et de la présentation du budget est un peu plus suivi qu’auparavant est un euphémisme. Nous avons changé d’ère bien malgré nous. Les nuages noirs et les coups de tonnerre qui ont fait trembler le pays ces trois dernières années y sont pour quelque chose.
Le budget 2020 présenté à la fin de cette année 2019 a été pulvérisé, éparpillé façon puzzle pour reprendre une célèbre formule, avec les confinements, les fermetures de commerces et toutes les autres déclinaisons de la crise sanitaire. Fini le temps de l’insouciance et d’un monde stable permettant de tranquillement dérouler un programme ou de prendre le temps d’une longue réflexion pour des décisions parfois cruciales. Tout s’est accéléré.
En ce mois d’octobre 2022, le bateau Luxembourg navigue toujours sur des flots particulièrement agités. La crise du coronavirus a été remplacée par la crise ukrainienne. La guerre en Europe? Qui l’aurait vue venir en 2019? Poutine peut-être, mais à part lui personne d’autre.
Et avec ce conflit apparaissent de nouvelles contraintes liées au pouvoir d’achat, à la souveraineté énergétique, à la pénurie de matériaux… le tout enrobé dans une crise climatique qui ne fait que commencer. Oui, 2019, c’était il y a à peine trois ans, mais cela nous semble tellement lointain. Le temps de l’insouciance est passé.
L’actualité mondiale nous a tous rattrapés et a contraint le gouvernement à des budgets de crise offensifs. Celui de 2023 en est un nouveau. Que nous réserve encore l’année prochaine? Des élections, ça, c’est certain. Mais dans quel contexte? Bien malin celui qui le saura.