Ses chutes spectaculaires et répétées, ses errances face au prompteur… À 80 printemps, dont près de la moitié de vie politique, Joe Biden compte donc se lancer dans la course à sa réélection l’an prochain. Le chemin n’est pas tout tracé. La route reste longue, usante, à travers tout le pays. Ce qui fait dire à son grand rival, Donald Trump, que «Sleepy Joe» ne tiendra pas la distance ni le choc jusque-là. Rappelons que l’ancien président, lui aussi pressé de rapporter tous ses cartons à la Maison Blanche, revendique… trois ans de moins à l’état civil.
L’affiche électorale actuelle ne fait pas franchement rêver les Américains. Selon les sondages – qui n’ont pas valeur de vérité absolue, on le sait – quelque 70 % (plus de 50 % de démocrates) ne souhaitaient pas que Biden se représente. Justement en raison de son âge. Hormis ses fidèles de la première heure, et pour d’autres raisons, Trump n’emballe pas davantage les foules désabusées globalement par le personnel aux affaires.
Entendons-nous, la question n’est pas ici d’envoyer les vieux briscards à la retraite. Les jeunes présidents ne sont pas nécessairement plus inventifs, ni soucieux de leurs concitoyens. Les exemples ne manquent pas en Europe. Un second duel Biden-Trump pose surtout le problème du renouvellement de la classe dirigeante aux États-Unis. D’un souffle démocratique à retrouver. On prend toujours les mêmes et on recommence. Et ça ne fonctionne jamais mieux. C’est vrai aussi ailleurs, entre autres Russie et Chine… Les hommes de pouvoir ont toutes les peines du monde à y renoncer, viscéralement accrochés à ce qui semble au fond donner un sens à leur existence.
Joe Biden aurait pu choisir de couler des jours paisibles dans son Delaware natal. Et laisser sa vice-présidente, qui – dès l’annonce du patron – a confirmé son intention de poursuivre l’aventure à ses côtés, endosser le rôle principal. Éternellement cantonnée à l’arrière-plan, Kamala Harris n’est sans doute même pas connue d’une grande partie de la population. Elle va tenter d’imprimer enfin sa marque. En livrant déjà un fervent plaidoyer en faveur de l’avortement, sujet brûlant qui fera battre le cœur de la campagne. Et celui des Américains ?
Alexandra Parachini