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Tolérance zéro

Travail ou mendicité forcés, exploitation sexuelle, esclavage domestique, prélèvement d’organes… La traite des êtres humains peut prendre diverses formes. Une chose est sûre, c’est que des millions d’hommes, de femmes et d’enfants en sont encore victimes aujourd’hui dans le monde. Et au Luxembourg aussi.

Aujourd’hui, une quinzaine de cas sont suivis par le Service d’assistance aux victimes de la traite des êtres humains (Savteh), géré par l’ASBL Femmes en détresse, et le Coteh, dirigé par la Fondation Maison de la Porte ouverte. Mais, a priori, ce chiffre officiel est bien en deçà de la réalité. Selon nos interlocutrices, au Grand-Duché, les victimes sont essentiellement des personnes exploitées au travail, dans des restaurants, sur des chantiers ou encore dans le cadre de ménages privés. Mais des cas d’exploitation sexuelle semblent toujours présents.

Beaucoup de victimes se taisent. Souvent en situation irrégulière sur le territoire, elles ont peur de la police, des autorités… et bien évidemment de leur(s) bourreau(x). Pour sortir des mailles de ce(s) dernier(s), il faut du courage à la victime. L’emprise de l’«exploitant» sur «l’exploité(e)» est réelle et peut revêtir de multiples facettes : le chantage, la confiance, la menace… La victime se retrouve dans un engrenage et dans un pays où la seule personne (ou les seules personnes) qu’elle connaît a (ou ont) la mainmise sur elle.

Difficile d’admettre qu’en 2020, l’«esclavagisme» a encore cours ici (et ailleurs). Il serait peut-être temps que des moyens soient mis sur la table pour que la traite des êtres humains soit éradiquée. Que la dignité soit une réalité pour chaque être humain ici (et ailleurs). Des contrôles doivent être plus fréquents, des témoins de traite d’êtres humains ne doivent plus fermer les yeux, les peines pour les coupables doivent être plus lourdes – il faut au moins que celles stipulées par la loi, soit 15 ans de prison et 150 000 euros d’amende, soient appliquées –, les victimes doivent être prises en charge… Il n’est plus l’heure de tolérer ce genre de pratiques. Il est (grand) temps de sévir… et surtout de protéger les victimes.

Guillaume Chassing