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Tiraillés entre deux pays

La pilule va avoir du mal à passer. Mais déjà moins que celle proposée il y a quelques mois. Les anciens frontaliers français au chômage dans leur pays ont vu leurs droits modifiés. Pour résumer, désormais, ils risquent des ennuis s’ils refusent une offre d’emploi dans leur pays correspondant à leur ancien poste… et cela même s’il est beaucoup moins rémunéré qu’au Luxembourg. Il s’agit de la fameuse offre d’emploi raisonnable. Les plans initiaux du gouvernement prévoyaient de raboter de 50 % les droits des chômeurs, ex-frontaliers, en France. Ce volet a été mis de côté. Ouf. Mais l’amertume est toujours là et les syndicats des deux côtés de la frontière, OGBL et CGT, sont bien décidés à faire voler en éclats cette décision du ministère du Travail par le biais du recours judiciaire.

Cette décision est liée à la recherche d’économies du côté du gouvernement français. Elles seront sûrement là, mais à quel niveau? Bien faibles assurément. L’initiative aura aussi un impact du côté luxembourgeois. Il s’agit d’une épine dans le pied de l’attractivité du pays qui continue, encore et toujours, à rechercher des talents. Talents qui ont bien souvent l’idée d’habiter côté français. Dire que s’engager professionnellement au Grand-Duché devient une prise de risque pour les résidents français est évidemment bien fort. Mais il s’agit d’un premier mouvement. Les plans initiaux ont été mis dans un tiroir et il est certain qu’ils seront brandis à nouveau dans quelques années. Tout comme, d’ailleurs, la demande française concernant le paiement des indemnités chômage des ex-frontaliers. Paris verrait bien l’administration luxembourgeoise s’acquitter de l’addition, les anciens salariés cotisaient bien de l’autre côté de la frontière. Pour l’instant, la France a d’autres chats à fouetter. Mais cet épouvantail va réapparaître un jour ou l’autre.

Les prochaines années ne vont pas être celles de la rigueur budgétaire côté français. Ici non plus d’ailleurs. Et au milieu se trouveront des frontaliers pris entre deux feux. Ne sachant pas à quelle sauce ils vont être mangés. Et par qui. Ça commence à faire beaucoup, quand on se rappelle la convention fiscale franco-luxembourgeoise qui pénalise déjà certains ménages ayant un de leurs membres employé au Grand-Duché.