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Terminus abrupt

L’annonce a provoqué l’ire des syndicats. Dès le 12 février, 21 lignes de bus desservant des sites industriels seront supprimées. Ce sont notamment les ouvriers résidents et frontaliers employés par Goodyear à Colmar-Berg, ArcelorMittal à Bissen, CFL Multimodal à Bettembourg, Cebi à Steinsel ou encore SEO à Vianden qui seront privés d’un moyen de transport alternatif à la voiture individuelle. Ces cinq entreprises comptent plus de 5 000 salariés.

«En pleine crise du pouvoir d’achat, cette décision vient en remettre une couche, pénalisant encore davantage les
salariés et tout particulièrement ceux à faibles revenus», fustige l’OGBL. «Bien que le gouvernement ait décidé il y a quelque temps de rendre les transports publics gratuits, afin de désengorger les routes, ce rétropédalage tendra à congestionner un trafic toujours plus dense de jour en jour», clame de son côté le LCGB.

Face aux critiques du camp syndical, le ministre de la Mobilité, François Bausch, s’est vu contraint de riposter. «Le maintien de ces lignes n’est pas justifiable (…) en raison de la faible utilisation sur les dernières années», se défend-il dans un communiqué. Le ministère avance que, selon les comptages réalisés sur les 21 lignes concernées, l’occupation maximale par ligne atteignait à peine une moyenne de 15 voyageurs par jour. L’OGBL contre en affirmant que sur les 670 employés que compte Cebi, plus de 200 ouvriers en travail posté ont recours au bus. Sur d’autres sites industriels, un recours «important» aux transports publics serait aussi constaté. Des chiffres qui ne semblent pas pouvoir être confirmés par le ministère, qui a acté le terminus abrupt de ces lignes coûtant quelque 4,5 millions d’euros par an.

Est-ce que le ministre fait fausse route? Le Plan national de mobilité 2035 (PNM) vise «une couverture nationale (…) en desservant (…) les zones d’activité qui ne disposent pas d’un arrêt de train ou de tram ou d’une ligne de bus principale». Pour la zone rurale nord, le PNM promet une «accessibilité de chaque zone d’activité en transport en commun». Cette perspective est-elle déjà enterrée? En tout cas, ministère et syndicats ont tout intérêt à se remettre autour d’une table, en concertation avec les entreprises concernées, pour trouver des solutions plus durables.