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Tension, oui, division, non

La pandémie et surtout les mesures visant à endiguer la propagation du covid-19 amènent de plus en plus de gens à évoquer une «division de la société». Le constat est grave. Mais est-il juste et justifié ?

La frustration ambiante est compréhensible. Ce sentiment peut encore être renforcé par de nombreux revirements. Le masque constitue une fausse sécurité; le masque devient obligatoire. La double dose de vaccin est suffisante; il en faut une troisième pour renforcer l’immunisation. Les personnes vaccinées sont sans danger; même les vaccinés peuvent transmettre et contracter le virus.

Si la communication a souvent été défaillante sur ces aspects, il faut retenir que ces «pirouettes» sont surtout le résultat d’un travail scientifique sur un virus totalement inconnu. La science a comme caractéristique qu’elle se trouve en évolution permanente. Les études menées au fil des 24 derniers mois ont ainsi permis de comprendre que le masque de protection est bien utile ou que ce sont bien trois doses du vaccin qui sont nécessaires pour obtenir la meilleure immunisation possible.

En dépit de ces explications, une frange de la société, les covid-sceptiques et les antivaccins en tête, s’insurge. Certains estiment même vivre dans une dictature, où les vaccinés sont les bons et les non-vaccinés les méchants. Le contexte actuel est délicat, mais peut-on vraiment parler d’une «division de la société» ? On est tenté de répondre par la négative. Pourquoi ? Car les trois quarts des citoyens ont déjà accepté de se faire vacciner, dans leur propre intérêt et dans celui de l’ensemble de la société. La santé publique doit primer. Il en va de même du principe sociétal qui veut que la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres.

Notre système démocratique veut que le citoyen choisisse librement ses représentants, appelés à gouverner le pays. Se retrouver en minorité peut être agaçant, mais pour obtenir un changement, une nouvelle majorité doit se forger. Tel est le principe sur lequel se fonde notre société. Oui, cela peut provoquer des tensions. Mais non, des tensions n’équivalent pas d’office à des divisions. Vouloir expliquer tout mouvement de contestation en évoquant une «division de la société» est donc malavisé.

David Marques