L’histoire de «M» (lire Le Quotidien du 18 août) est une histoire parmi des milliers d’autres qui se jouent tous les jours au Luxembourg et dans toute l’Europe. Chacune est différente et chaque cas est particulier. Mais la sensation est qu’ici et peut-être plus qu’ailleurs l’homme ou la femme acteur ou actrice principal(e) de l’histoire disparaît lorsque le règlement Dublin III est appliqué. Entré en vigueur en juillet 2013, il dispose d’un principe clair en théorie au sein de l’Union européenne : «Le pays responsable de la demande d’asile d’un migrant est le premier État membre où sont conservées les empreintes digitales.»
Un principe qui cristallise de nombreuses critiques depuis de nombreuses années, notamment de la part de la Grèce et de l’Italie en première ligne puisque géographiquement situées aux frontières extérieures de l’Europe. Pendant un temps, il y a eu un accord des membres de l’UE pour ne plus transférer les demandeurs de protection internationale en Grèce. Mais ce n’est plus le cas actuellement et certains États membres transfèrent désormais des demandeurs de protection internationale en Grèce. Un tel accord n’a jamais eu cours pour l’Italie. Un manque de solidarité criant entre les États membres de l’UE sur cette question.
De manière globale, l’application stricte du règlement Dublin III met également en lumière les différences de traitement des demandes de protection internationale d’un État à un autre. Prenons le cas de M. : s’il était arrivé directement au Grand-Duché, il aurait vraisemblablement pu bénéficier de la protection internationale. Sans oublier que le Grand-Duché n’a jamais renvoyé de demandeurs de protection internationale en Afghanistan (ni en Irak ni en Syrie). Ce n’est pas le cas de la Suède où a été transféré M. cette semaine et qui est considérée comme une antichambre des expulsions vers l’Afghanistan. Difficile à comprendre. Et difficile à admettre pour M. Tout ça à cause de l’application stricte du règlement Dublin III et d’un manque d’harmonisation des politiques migratoires au sein de l’UE. C’est pour quand? Et la solidarité entre les États membres de l’UE, c’est pour quand?
Guillaume Chassaing