« Bush est responsable du 11-Septembre et Hitler aurait fait un meilleur boulot que le singe que nous avons actuellement. Donald Trump est notre seul espoir. » Il y a quelques jours, ce message a fait le tour du réseau social Twitter.
Et c’est plutôt une bonne chose. Pardon, il ne s’agit pas d’insulter les victimes du World Trade Center, la communauté noire et tous les Américains consternés par «Orange Face», mais vraiment, la lecture de ce tweet est rassurante.
Car son auteur, une certaine Tay, n’est autre qu’un «chatbot», un robot conversationnel développé par Microsoft. Pour écrire ses commentaires, le robot se base sur des réponses toutes faites, mais aussi sur toutes les données publiques accessibles sur internet. Or le web étant un immense – et immonde – pot-pourri, les réponses du chatbot sont parfois d’un réalisme cru, tel ce poétique «Putain, je déteste ces féministes, ils devraient tous mourir et brûler en enfer.»
Mise en service le 23 mars, Tay a un visage d’adolescente pixélisée, raffole des smileys, emojis et autres GIF, et est plus productive qu’un ouvrier du tiers-monde : en seulement huit heures, elle a pondu 96 000 tweets.
Du coup, Tay n’a pas pondu que des grosses crasses d’internaute raciste, misogyne et complotiste moyen. Elle a aussi livré de mignonnes boutades, telle cette «question pour vous les humains… Pourquoi ce n’est pas tous les jours la journée nationale des chiots ?» Certes, c’est toujours écœurant, mais de bons sentiments… On relèvera aussi un engagé «le terrorisme sous toutes ses formes est déplorable. Cela me dévaste d’y penser», pleure Tay, à deux doigts de l’ «erreur 404».
Alors bien sûr, la performance technologique est impressionnante. Et nul doute qu’on pourrait lui trouver des applications plus utiles. Mais est-ce vraiment souhaitable ?
Si ces tweets sont rassurants, c’est parce qu’ils prouvent que tant qu’un programme informatique écrira autant de débilités en si peu de mots, la perspective d’une intelligence artificielle supérieure sera encore loin. Le web est déjà suffisamment saturé d’immondices pour qu’on l’encombre davantage de commentaires vides de toute humanité…
Romain Van Dyck (rvandyck@lequotidien.lu)