Sur la corde raide

Pragmatique ou irresponsable ? Le choix du gouvernement de ne pas durcir les restrictions dans la lutte contre la propagation accrue du coronavirus a de quoi interpeller. Alors que les nouvelles infections explosent, la ministre de la Santé reste convaincue que l’arsenal anti-Covid est suffisamment fourni pour inverser la tendance. Le nouveau pic absolu de 416 nouvelles infections en 24 heures n’y change pas grand-chose. Du moins pour l’instant.

Pour justifier l’approche pragmatique, on peut mettre en avant le très faible taux d’occupation des lits en soins intensifs. La moyenne d’âge des personnes infectées reste également assez basse. Le risque de se retrouver avec des graves complications de santé à l’hôpital est donc plutôt réduit, même s’il n’existe aucune assurance absolue. Grâce à l’ambitieuse stratégie de dépistage à grande échelle, les chaînes d’infections peuvent être rapidement brisées. Et par rapport au printemps, le nombre de tests a aussi fortement augmenté, ce qui est également un élément d’explication de la hausse des cas positifs détectés.

En même temps, la ministre de la Santé évoque une «situation alarmante» et décrète un genre de confinement au rabais en avançant que le «Restez à la maison» redevient d’actualité. Même les scientifiques de la taskforce Covid-19, décriés en raison de leurs prévisions apocalyptiques, n’ont pas vu venir l’explosion aussi rapide des contaminations. Lundi, ils avaient évoqué un pic potentiel de 370 cas par jour pour le mois de décembre.

L’attitude attentiste est-elle donc irresponsable ? Au sein de la société, économie et camp politique inclus, les avis divergent fortement. Statu quo, serrage de vis, reconfinement ou même allègement des règles : ça part dans tous les sens. Il faudra attendre les jours à venir pour avoir les premiers éléments de réponse. Le moment de faire preuve de plus de fermeté ne doit en aucun cas être raté. Plus que jamais, le gouvernement se trouve sur la corde raide.

David Marques