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Sous le fard de la modernité

Étienne Schneider a du pain sur la planche s’il veut être équitable et recevoir tous les candidats aux législatives françaises de la 3 e  circonscription de Meurthe-et-Moselle, frontalière du Luxembourg. À moins qu’il ne veuille démontrer son soutien au seul candidat de La République en marche, ce qui semble être le cas. En recevant officiellement mardi le maire de Villers-la-Montagne, simple candidat de l’organisation d’Emmanuel Macron, le ministre socialiste a ostensiblement pris parti dans le débat politique français. C’est son droit le plus entier, même si l’on peut juger cela peu diplomate venant du numéro deux du gouvernement.

Au moins ne cache-t-il pas sa préférence, à l’image d’un Xavier Bettel qui avait vu Macron dans le plus grand secret avant la présidentielle. Lundi, l’ancien Premier ministre français Bernard Cazeneuve a parlé de «béatitude» pour dire l’effet produit par le nouveau locataire de l’Élysée sur les politiques et les médias dominants. En parfait illusionniste, Macron poursuit sur sa lancée de la présidentielle, laissant croire qu’il incarne la rupture avec le «système» alors qu’il est adoubé par ceux qui portent les politiques d’austérité.

Promoteur dogmatique des vieilles lunes néolibérales, Macron dit faire de la politique autrement, mais concocte son gouvernement et ses listes dans les marmites usées de la tambouille politicienne et des arrangements malins. Son programme promet la suppression des cotisations salariales (qui financent les prestations sociales) et une réforme des retraites qui taillera en pièces le principe de solidarité.

Pour Étienne Schneider, cet alignement questionne l’identité politique d’un ministre se revendiquant de gauche. Sans aucun doute, le LSAP ne fera-t-il pas à terme l’économie de la clarification entre chantres de la dérégulation sociale et partisans de la justice sociale. Cette fracture traverse désormais la quasi-totalité des partis socialistes et sociaux-démocrates européens. Avec sa formule «ni de droite ni de gauche», Macron a su à merveille tourner ce débat en sa faveur. Sous le fard de la modernité, c’est l’art de l’opportunisme porté à son firmament.

Fabien Grasser