C’est un chiffre parmi tant d’autres, noyé au milieu des tableaux. Pourtant, quand l’institut de statistiques du Grand-Duché révèle que 44,6 % des ménages monoparentaux luxembourgeois ont des revenus qui se situent en dessous du seuil de pauvreté, il convient de s’arrêter.
Près d’un ménage monoparental sur deux serait pauvre, au Luxembourg. Et c’est tout, sauf une surprise. Car si les salaires luxembourgeois sont élevés, le coût de la vie l’est également. Et un seul revenu pour élever un, voire plusieurs enfants au Luxembourg, cela ne peut pas être suffisant.
Comme souvent, les premières victimes sont les femmes, qui composent la majorité des cellules monoparentales. Dans le cas d’une séparation, elles doivent compter sur le soutien de leur conjoint, qui ne respecte pas toujours ses obligations en matière de pension alimentaire. Certes, ces pensions seraient payées dans 90 % des cas, même si les camps s’affrontent, mais cela ne suffit pas nécessairement à basculer du bon côté des statistiques.
Le salaire médian luxembourgeois est pourtant le plus élevé d’Europe, mais cela ne signifie pas grand-chose, dans un pays où les loyers atteignent des sommets et obligent à s’éloigner de son lieu de travail pour le payer. C’est tout le paradoxe du Grand-Duché, son économie rayonnante, sa croissance insolente, sa gestion exemplaire et… ses pauvres, perdus au milieu de l’opulence. Ces invisibles qui doivent composer chaque jour dans le grand écart permanent d’une société qui avance plus vite qu’eux.
Car, au-delà des ménages monoparentaux, tout un pan du pays est en souffrance. Des salariés (15,5 %) sont ici, en risque de pauvreté, contre une moyenne européenne de 6,8 %. C’est encore plus inquiétant.
Tout n’est pas rose, au Luxembourg, et ces simples statistiques sont là pour rappeler que dès que l’on gratte un peu la surface des choses, elles s’abîment vite.
Christophe Chohin (cchohin@lequotidien.lu)
44,6% est un chiffre qui fait effectivement froid dans le dos du lecteur qui le prend au 1er degré.
Mais si on précise qu’il s’agit de 44,6% de 3,1% des ménages (proportion des ménages monoparentaux au GDL), on peut en conclure que cela concerne 1,4% des ménages.
Même si vous allez dire que c’est 1,4% de trop, cela donne quand même une autre dimension au débat…