Un indice pour une possible réconciliation? Ou un simple moment de répit? Il était en tout cas assez interpellant d’observer hier l’accueil plutôt chaleureux réservé par les présidents des syndicats au Premier ministre, Luc Frieden, et à ses collègues ministres du Travail et de la Sécurité sociale, qui ont assisté aux manifestations du 1er-Mai de l’OGBL et du LCGB. Leur tournée a commencé à Remich auprès du syndicat chrétien, très proche par le passé du CSV. Le vent a tourné et le chef du gouvernement a encaissé, selon notre journaliste sur place, «les uppercuts assénés à la chaîne» par Patrick Dury, le chef de file du LCGB. L’ambiance était un peu plus décontractée sur le parvis de l’abbaye de Neumünster, où la délégation gouvernementale a «échappé» aux critiques acerbes lancées par Nora Back, la présidente de l’OGBL. Les deux discours ont eu lieu en parallèle, mais le Premier ministre et ses ministres ont tenu à être présents aux deux rendez-vous.
Très saisissante fut la table ronde sociale improvisée autour d’un verre et d’une «Grillwurscht». Luc Frieden était assis, avec lunettes de soleil et casquette sur la tête, face à Nora Back et des membres du bureau exécutif de l’OGBL. À ses côtés, Georges Mischo, dans lequel les syndicats disent n’avoir plus aucune confiance, et Martine Deprez, fustigée pour son projet de réforme des pensions. L’ambiance était bon enfant, les sourires au rendez-vous. Ou plutôt des sourires de façade. Car le conflit social majeur entre syndicats et gouvernement n’est en rien résolu. Pire, les réunions de la vraie table ronde sociale, initiée en janvier par le Premier ministre, semblent plutôt avoir agrandi le fossé qui sépare les deux camps. À deux mois de la grande manifestation nationale du front syndical, fixée au 28 juin, des compromis sur les dossiers brûlants (conventions collectives, temps de travail, heures d’ouverture du commerce et pensions) sont encore très loin.
Luc Frieden avait affirmé début avril devant la Chambre des députés espérer trouver des accords avant l’été, tout en exprimant d’importants doutes sur la faisabilité de cette entreprise. Les sourires affichés hier risquent d’être de très courte durée. Surtout si le gouvernement commet l’erreur de vouloir passer en force.