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Sourires carnassiers à Rome

Les grandes manœuvres ont débuté en Italie où le gouvernement de coalition formé par la Ligue (extrême droite) et le Mouvement 5 Étoiles (populiste) est mort et enterré. Cela faisait déjà quelques mois que le torchon brûlait entre les deux partenaires. Et le feu a bien été attisé par le patron de la Ligue, Matteo Salvini, le ministre de l’Intérieur. Il a suffi d’une divergence stratégique autour de la ligne de train à grande vitesse Lyon-Turin pour que l’entente entre les deux partis se termine. «Déraille», diront les plaisantins.

Aujourd’hui, les partis italiens tentent de former un nouveau gouvernement sans l’extrême droite de la Ligue qui semble vampiriser politiquement tous ceux qui l’approchent. Mais Matteo Salvini et ses hommes ne sont pas loin et doivent actuellement regarder ce spectacle avec des sourires carnassiers. En effet, eux souhaitent que les discussions capotent et ainsi que des élections anticipées soient organisées. Oui, encore.

Matteo Salvini et la Ligue se sont habilement servis du Mouvement 5 Étoiles né en 2009 d’une vaste contestation populaire contre les «élites» politiques et contre le «système». C’est le «système» Salvini qui a dorénavant l’avantage. La Ligue a utilisé le Mouvement 5 Étoiles comme un marchepied durant ces quatorze derniers mois de collaboration et maintenant c’est elle qui est favorite des sondages.

Évidemment, la Ligue n’est pas un petit parti et reste bien ancrée dans le paysage politique italien. Mais elle a entrouvert la porte du pouvoir et compte bien y mettre le pied pour qu’elle ne lui claque pas au visage. La Ligue serait créditée, selon les sondages, de 36 % à 38 % des intentions de vote en cas d’élections. Selon les spécialistes, elle pourrait gouverner seule en s’alliant avec des petits partis d’extrême droite. Si cela se déroule, une ombre risque de s’abattre (à nouveau) sur l’Italie. L’Union européenne aura alors un autre épineux dossier à gérer, elle qui cherche un second souffle pour maintenir les habitants du continent unis et non divisés. Décidément, même après le Brexit, l’Union européenne n’a pas fini de tanguer.

Laurent Duraisin