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Souriez, vous êtes filmé

La police grand-ducale va lancer ses caméras-piétons (bodycams) à compter du 1er juillet. Les fameux boîtiers ont été présentés par le ministre des Affaires intérieures, Léon Gloden, mercredi. Ce nouvel outil doit documenter les interventions des forces de l’ordre dans des conditions strictes et doit aussi permettre de pacifier les rapports entre certains citoyens et les agents en uniforme. Cette nouvelle dotation sera bien visible, ce qui devrait freiner les ardeurs des plus téméraires. Ce n’est pas un secret : le respect de l’uniforme s’est étiolé au fil du temps ces dernières décennies. Outrages et agressions sont en augmentation. L’année dernière, 283 outrages à agent ont été enregistrés. Il y en a eu 262 en 2020. Quarante-neuf rébellions avaient eu lieu il y a cinq ans, une centaine ont été enregistrées en 2024. Inquiétant. La tendance va peut-être s’inverser avec ces petits boîtiers noirs qui capteront les images et enregistreront les sons des interventions. Nous le saurons vraiment l’année prochaine, quand la police grand-ducale dévoilera ses statistiques.

Les bodycams permettront aussi de documenter un peu plus clairement les interventions que de simples témoignages. Mais elles ne seront pas la solution miracle pour toutes les interventions. Ne rêvons pas. Un homme ivre et hors de contrôle pris en charge par une patrouille à 1 h dans le quartier chaud de la capitale s’en fichera qu’on lui indique verbalement qu’il est filmé. Il continuera son cirque jusqu’à ce qu’il soit embarqué manu militari au poste. Pour les provocateurs moins «aguerris», par contre, l’effet pourrait être dissuasif. L’exemple belge a été souvent évoqué.

Ces nouveaux appareils permettront aussi de documenter les interventions policières pour les élèves aspirant à enfiler l’uniforme. La police grand-ducale s’est lancée dans une vaste opération de recrutement. Les vidéos tirées de ces expériences de terrain joueront sûrement un rôle pédagogique pour savoir quoi faire dans certaines situations… mais aussi quoi ne pas faire. Mais à partir du 1er juillet, les policiers avec ces caméras sur le torse auront du mal à dire à des témoins qui filment une de leurs interventions de baisser leur téléphone portable. Le revers de la médaille.

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