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Soulagement relatif

Pour une fois, c’est le soulagement et non pas la gueule de bois qui a dominé jeudi en Europe après une soirée électorale. La vague populiste, emmenée par Geert Wilders, ne s’est en effet pas concrétisée lors des législatives aux Pays-Bas. Le parti libéral du Premier ministre sortant, Mark Rutte, est arrivé en tête de ce premier scrutin d’une année électorale très chargée sur le Vieux Continent. Tout est bien qui finit bien, donc ? On répondrait plutôt par la négative. Le résultat du scrutin néerlandais reste encore à relativiser.

Si dans leur ensemble, les partis pro-européens ont été crédités d’un soutien bien plus important que celui accordé au parti de Geert Wilders, cela n’empêche pas que celui qui a déjà été nommé le «Trump néerlandais» a fini sur le podium. Le parti du Premier ministre sortant a laissé des plumes tout en restant en fin de compte premier parti aux Pays-Bas. Le bilan est bien plus dramatique pour le camp social-démocrate qui s’est littéralement effondré lors de ce scrutin. Les Verts, quant à eux, sortent renforcés des urnes.

En attendant le début de négociations très compliquées pour dégager une majorité stable, les dirigeants européens ont tous jubilé. Un signal fort contre le populisme émanerait du résultat de ces législatives. Marine Le Pen en France et l’AfD en Allemagne feraient mieux de se préparer eux aussi à un échec, pouvait-on entendre dès mercredi soir. Mais cela n’est pas aussi simple. La vérité d’une élection n’est en effet pas forcément transposable.

Les prochains à se rendre aux urnes seront les Français. La campagne présidentielle minée par les affaires risque de déboucher encore sur de mauvaises surprises. Se fier maintenant au résultat de Geert Wilders pour affirmer que Marine Le Pen n’a aucune chance de s’imposer serait fatal.

Ce qui est sûr, c’est que la démocratie est l’un des principaux gagnants du scrutin aux Pays-Bas. Plus de 80% des électeurs se sont en effet rendus aux urnes. En France, ce taux est souvent bien plus bas. La lassitude politique qui est en train de s’installer dans l’Hexagone sera un facteur majeur de la présidentielle à venir.

David Marques