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Sommet de la honte au Vatican

Le pape François a pris la «sacro-sainte» décision de réunir la hiérarchie épiscopale mondiale, à partir de jeudi au Vatican, afin d’évoquer (et de condamner unanimement ?) la pédophilie dans l’Église catholique.

Mais si l’intention, d’ailleurs peu orthodoxe, d’organiser un «sommet sur les abus sexuels» (d’après les termes du quotidien français La Croix), est fortement louable, les conclusions de ce rassemblement, prévu jusqu’à dimanche, risquent fortement de ne pas aboutir à des confessions publiques. Car face au tabou ancestral (et parfois bien ancré) des agressions sexuelles de mineurs au sein de l’Église, et face au spectre de sanctions exemplaires (à l’image de l’ex-cardinal américain Theodore McCarrick, 88 ans, défroqué samedi après avoir été accusé d’abus sexuels il y a près d’un demi-siècle), nombre de responsables de l’Église ne devraient point faire acte de pénitence; et le pape lui-même le concède…

Conscient des attentes «surdimensionnées» suscitées par la rencontre, il a ainsi déclaré que «le problème des abus continuera». Cela étant, le pontife romain a également souligné, qu’«en résolvant le problème dans l’Église par une prise de conscience, nous contribuerons à le résoudre dans la société, dans les familles, où la honte fait que l’on couvre tout».

Cette volonté de «prise de conscience» collective semble cependant quelque peu utopique car certains pays africains, asiatiques et du Moyen-Orient sont dans le déni par rapport aux viols de mineurs au sein de l’Église, et ils accusent volontiers les pays occidentaux de ne pas balayer devant leur porte.

Et même si les langues ne se délient pas avant dimanche, et que les victimes de crimes pédophiles, dans les rangs de l’Église, risquent de boire le calice jusqu’à la lie face au silence des responsables ecclésiastiques, le pape François aura tout de même eu le mérite de l’initiative de ce «sommet sur les abus sexuels». Un sommet qui devrait d’ailleurs être rebaptisé, car il s’apparente sacrément à un «sommet de la honte», une honte souvent aussi bien inavouée qu’inavouable.

Claude Damiani