Face à l’augmentation conséquente, au 1er février, du tarif des contrôles techniques pour les voitures et les motos par la SNCT, l’Union luxembourgeoise des consommateurs (ULC) s’était montrée taquine, spéculant que cette hausse devait peut-être contribuer à financer la future gratuité des transports publics. Dans son communiqué, l’ULC avançait un autre motif possible et sans doute plus conforme à la réalité : aligner les prix de la Société nationale du contrôle technique sur ceux de son concurrent privé Dekra qui s’est installé au Luxembourg à la suite de la libéralisation du secteur en 2016, une obligation édictée par l’Union européenne.
La SNCT a augmenté ses prix de 39 à 44% pour les voitures et motos, les automobilistes devant désormais s’acquitter de 52 euros lorsqu’ils passent à la station de contrôle, contre 37 auparavant.
Cette décision a suscité les réactions indignées de l’ULC, mais aussi de l’ACL ou de la Lëtzebuerger Oldtimer Federatioun (voitures de collection), demandant le retrait immédiat de la mesure. Plus un jour non plus où un député n’interpelle le gouvernement sur la question.
La SNCT s’est justifiée en avançant que ses «nouveaux tarifs sont basés sur le calcul des coûts de revient» réels. L’on peut accorder crédit à ses dirigeants quand ils disent vouloir rentrer dans leur frais. Mais la vraie question est : le doivent-ils vraiment ? Société de droit privé, la SNCT est contrôlée à 95% par l’État à travers des participations et fonctionnait jusqu’à présent sur le modèle d’un service public, c’est-à-dire d’un organisme qui remplit une mission d’intérêt général sans se préoccuper de rentabilité.
Mais les temps changent et sont désormais à la célébration de l’ouverture à la concurrence. «Au Luxembourg, la libéralisation des prix a toujours conduit à d’énormes hausses», constate pourtant l’ULC. Ainsi, les gouvernements démolissent jusqu’à l’idée même de service public sous prétexte de faire baisser les prix. Mais, en fin de compte, c’est le secteur privé qui augmente ses profits en vidant un peu plus le portefeuille des consommateurs.
Fabien Grasser