La déclaration sur l’état de la Nation est un exercice particulier. Par le passé, les observateurs et membres de l’opposition parlementaire sont souvent restés sur leur faim. Qu’en est-il après le premier grand oral du nouveau Premier ministre ? On ne peut pas reprocher à Luc Frieden de ne pas avoir été généreux. Bien au contraire. Il annonce vouloir sortir de la jungle procédurale. Le résultat est qu’il faudra d’abord s’y retrouver dans la ribambelle de mesures et d’annonces présentées, mardi, devant la Chambre des députés. Pas mal de questions restent sans réponse. Quel sera l’apport concret de toutes les initiatives ? Dans quel délai vont-elles pouvoir entrer en vigueur ? Quel sera leur coût et comment pourront-elles être financées ?
Le mot d’ordre est «simplification». À tous les étages. Visiblement, il s’agit de la baguette magique découverte par le CSV et le DP dans les couloirs du château de Senningen. De nombreux autres gouvernements se sont déjà attelés à alléger la lourdeur administrative, sans vraiment réussir à faire avancer un chantier titanesque. La nouvelle majorité se dit très confiante d’enfin pouvoir mener cette mission à bien. Elle n’a pas le choix. Car, avant de pouvoir s’attaquer au fond de problèmes majeurs tels que le manque de logements abordables ou la pauvreté des enfants, les ministres de tutelle devront travailler sur la forme. Or, pour simplifier les procédures, il faudra d’abord s’engager dans la jungle législative. Et trouver la sortie sans trop s’égarer. Les projets de loi devront être bétonnés, notamment pour convaincre le Conseil d’État de valider les textes. Mais même avec l’aval des Sages, les rouages à la Chambre peuvent tourner très lentement.
Une fois le cadre légal adopté, les administrations devront à leur tour être préparées pour suivre la cadence. Les innovations que sont le «once-only» et le «silence vaut accord» placent les fonctionnaires devant de nouveaux défis majeurs. Est-ce que tout cela va vraiment permettre de transformer le Luxembourg en pays «simple, meilleur et moderne», comme le stipule le titre de la déclaration sur l’état de la Nation ? Ou est-ce une stratégie trop simpliste ? La machine semble lancée. D’importants obstacles restent toutefois à franchir.