L’éternelle soif de pouvoir de l’ancien président du Conseil italien n’est décidément plus à démontrer. En annonçant jeudi, depuis la Sardaigne, qu’il se présenterait aux élections européennes du 26 mai, le Cavaliere en aura étonné, voire fait sursauter, plus d’un.
Mais c’est sans doute mal connaître le magnat des médias qui, à 82 ans, entend s’offrir une énième cure de jouvence, en se posant en tant que sauveur de l’Europe et de l’Italie. La déclaration de Silvio Berlusconi laisse en tout cas perplexe : «Au bel âge qui est le mien, j’ai décidé par sens des responsabilités d’aller en Europe, où il manque une pensée profonde sur l’avenir du monde. Avec mes connaissances, mes expériences et ma capacité à convaincre, je pense que je peux jouer un rôle important et faire comprendre aux citoyens européens que nous risquons de nous éloigner des valeurs occidentales», et d’être «dominés par un empire chinois qui a des convictions et des valeurs opposées aux nôtres», a-t-il en effet estimé.
Sans avoir besoin de revenir sur son inéligibilité, qui appartient désormais au passé, ni sur ses innombrables frasques ou démêlés avec la justice, le revoilà frais comme un gardon, prêt à conquérir l’Europe, et cela, pour la bonne cause. Au passage, Berlusconi n’a évidemment pas oublié de se payer les élus du Mouvement 5 étoiles (de la coalition au pouvoir) qui n’ont, selon lui, «aucune expérience et aucune compétence» et qui sont «comme ces messieurs de la gauche communiste en 1994», lorsque le Cavaliere s’était lancé en politique en créant son parti Forza Italia. Cela étant, il n’a pas jugé bon de devoir égratigner le parti d’extrême droite de la Lega : serait-ce le pur fruit du hasard ou serait-il toujours attaché à une coalition de droite avec Matteo Salvini ?
Quoi qu’il en soit, les réactions à l’annonce de l’ex-patron du Milan AC ont fusé sur les sites d’information italiens et les réseaux sociaux. «Et par sens de la décence, pourquoi ne pas aller en maison de retraite ?», écrit par exemple un certain «brontolone» sur le site de la Stampa, alors que «thornintheside» commente, lui, sur Facebook : «Empire chinois, vieux communistes, paladins occidentaux. Il manque les aliens et les Schtroumpfs…» Alors Silvio, ne serait-ce pas la cure de jouvence de trop ?
Claude Damiani