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Si fragile dialogue social

Étonnant contraste que celui de cette fête du Travail luxembourgeoise, bon enfant, que ce soit à Wiltz ou à Luxembourg, et les fêtes du Travail chez nos voisins. Quand les Français dorment debout et battent le pavé contre la loi travail, quand les Allemands défilent dans la tradition du 1er mai, le Luxembourg est calme, très calme. Un défilé ici pour le LCGB, une fête des cultures là pour l’OGBL, le prolétariat est rassuré. Tout va bien, le Premier ministre, Xavier Bettel, l’a encore répété la semaine dernière, lors de son discours sur l’état de la Nation. Tellement bien qu’on ne parle pas des problèmes, ou si peu.

De là à les mettre sous le tapis, il n’y a qu’un pas. Car tout n’est pas si rose, au Grand-Duché. Les avancées sociales sont de plus en plus délicates à conquérir. Le temps de travail semble immobile, quand d’autres pays, pas si lointains, ont compris qu’il devenait le cœur du système social. France, Allemagne, pays scandinaves aménagent, année après année, le rythme de vie des travailleurs. Au Luxembourg, c’est beaucoup plus compliqué, en témoignent les réactions patronales aux récentes déclarations de Nicolas Schmidt sur la nouvelle organisation du temps de travail.

Car le conservatisme ambiant ne profite pas au progrès social, c’est une certitude. Les choses avancent, mais les tensions entre syndicats et patronat sont toujours vives, à tel point que le dialogue est loin d’être cordial. Les éléments sont pourtant réunis pour que le Grand-Duché devienne un pays socialement exemplaire. Le taux de chômage est un des plus bas d’Europe, le salaire moyen, le plus élevé, et la formation continue n’a de cesse de se développer.

Reste qu’en filigrane, derrière ces conditions idéales, nombre de travailleurs se battent chaque mois pour ne pas tomber dans la pauvreté, nombre de familles souffrent pour payer leur logement et l’éducation de leurs enfants.

Autant de signaux qui montrent que le dialogue social doit être renoué, dans une ambiance apaisée, et ce, très rapidement. Parfois, les choses basculent vite.

Christophe Chohin (cchohin@lequotidien.lu)