Condamner sans connaître, juger sans savoir c’est un sport universel. Comme refuser pour des raisons de confort personnel, ou autrement dit pour des intérêts particuliers au détriment de l’intérêt général. L’actualité nous en fournit encore un exemple flamboyant avec l’affaire du poulailler de Reckange-sur-Mess qu’un agriculteur veut réaliser sur son exploitation.
Les 13 000 volailles annoncées, réparties dans deux étables, ont eu comme effet de déclencher la colère instantanée de la population qui a aussitôt pondu une initiative locale pour s’opposer au projet. On peut les comprendre, le volume de la basse-cour est inédit mais l’agriculteur assure que toute pollution olfactive est écartée du moment que l’on n’a pas le nez planté dans la fiente. Lui-même, jeune exploitant qui cherche à se diversifier comme le prône la politique agricole du gouvernement, habite à 50 mètres de ses futurs poulaillers et les premières maisons sont à 350 mètres de là.
L’agriculteur révèle dans les colonnes du Quotidien d’hier que personne, à l’exception d’une famille, n’est venu le voir pour lui demander des explications sur son projet. Et ça, dans une petite localité comme Reckange-Mess (2 500 habitants) où tout le monde devrait connaître les exploitants agricoles, surtout quand c’est un enfant du pays qui reprend la ferme de ses parents.
Mais non, on signe des pétitions, on ne se renseigne pas, on ne répond même pas à l’invitation de l’autorité communale qui avait organisé une visite dans une structure similaire à laquelle personne ne s’est inscrit. En revanche, on veut du poulet de qualité sur nos tables, ce que soutiennent d’ailleurs un grossiste et une grande chaîne de distribution nationale qui en ont assez de remplir leurs étalages de poulets qui proviennent à 90% de l’exportation et dont la qualité est discutable.
Il y a va des poules comme du reste. Se battre contre un adversaire désigné que l’on ne prend pas la peine d’apprendre à connaître. C’est pareil avec tout. Par paresse intellectuelle, on préfère suivre le troupeau de moutons qui dit non, non et non.
Geneviève Montaigu (gmontaigu@lequotidien.lu)