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Schuman veille sur l’UE

«Les dirigeants de l’UE, réunis vendredi au Portugal, se sont entendus pour bâtir une Europe plus sociale après les dégâts économiques de la pandémie», annoncent nos confrères de l’Agence France-Presse (AFP) au terme du premier jour du sommet social de Porto. «Mais la route s’annonce longue avant des réalisations concrètes tant les Vingt-Sept sont divisés.»

Ces deux phrases résument parfaitement la triste contradiction dans laquelle reste engagée l’Union européenne. Alors que les États membres ont réussi à ficeler un plan de relance post-Covid lourd de 750 milliards d’euros, ils peinent toujours autant à s’accorder sur une politique sociale digne de ce nom. «Il y a des résistances, des réticences, des moments de crispation, mais ils sont nécessaires pour qu’il y ait aujourd’hui des avancées», affirme le président français, Emmanuel Macron.

Voilà le terme clé. Des avancées, le projet européen en a réalisé en plus de 70 ans d’existence. «L’Europe ne se fera pas d’un coup», affirmait Robert Schuman en 1950. Il se trouve à la base de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), la fondation de la Maison Europe. L’alliance économique a fait place à une union politique. Le marché unique, la libre circulation des citoyens ou encore l’euro, la monnaie commune de l’Europe, figurent parmi les plus grands acquis de la construction européenne. Des acquis que l’on a tendance à considérer comme irréversibles. La fermeture unilatérale de frontières pour tenter (en vain) d’endiguer la pandémie de coronavirus est venue démontrer le contraire.

Une fois de plus, l’Europe – encore égratignée par le Brexit, la crise de l’euro ou la crise des réfugiés – s’est retrouvée dos au mur. Mais le Covid peut aussi être considéré comme un électrochoc. Bien que les traités limitent le champ d’action, des solutions ont pu être trouvées pour préparer le rebond.

Contrairement à ce que veulent faire croire certains dirigeants récalcitrants, une large majorité de citoyens estime que davantage de décisions devraient être prises au niveau de l’UE. Il n’existe donc aucune raison pour continuer à freiner. Plus que jamais, la «solidarité de fait» prônée par Robert Schuman doit guider les actions de l’UE.

David Marques