On peut penser ce que l’on veut du ministre Étienne Schneider, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il aura marqué le paysage politique du pays de son empreinte.
Son caractère a polarisé au centre, sur sa gauche et dans l’opposition. Schneider était un socialiste atypique, proche des milieux économiques et des affaires, et il n’avait aucun souci à afficher ou à affirmer sa réussite, ce qui provoquait des sueurs froides dans ses propres rangs.
De ce point de vue, Étienne Schneider était un homme politique moderne qui affectionnait de briser les tabous convenus de la vieille gauche. Pour relancer la place économique luxembourgeoise, il a misé sur l’exploitation des ressources minières de l’espace, et pour gagner les élections, qu’il a en fait perdues, il n’a pas hésité à parier sur la légalisation du cannabis récréatif.
Au-delà de la forme et des convictions, Étienne Schneider était un homme intéressé et motivé par le résultat de son action politique : le succès de sa politique économique au service de sa réussite personnelle. Sa sortie du gouvernement est donc une poursuite logique de sa carrière professionnelle et se situe ni plus ni moins dans la droite ligne de son caractère : je suis venu, j’ai fait et j’ai vaincu, et maintenant je fais ce que j’ai toujours fait : ce que je veux, comme je veux.
Peu importe l’échec fracassant de sa dernière campagne électorale, son parti, le LSAP, est resté au pouvoir et constitue la cheville ouvrière de la coalition Bettel II. Peu importe les pots cassés au sein de son propre parti où la fracture ouverte avec Jean Asselborn ne laissera finalement pas de traces puisqu’on va passer à autre chose : avec ou sans Schneider, le LSAP est, comme tous les partis socialistes d’Europe, en crise ouverte.
Son seul échec finalement aura été de ne pas avoir réussi à gagner le poste de Premier ministre. «Mais deuxième, c’est pas mal non plus», a-t-il lâché lundi pour l’occasion. Une autre façon d’avouer que ce n’était pas la politique qui comptait pour lui, mais le résultat.
David Marques