L’Allemagne a annoncé lundi un durcissement de sa politique migratoire avec le renforcement des contrôles à l’ensemble de ses frontières (lire aussi en page 4). Le Luxembourg est concerné, tout comme la France, les Pays-Bas, la Belgique et le Danemark. Des contrôles sont déjà en place aux frontières avec la Pologne, la République tchèque, l’Autriche et la Suisse.
Nos voisins d’outre-Moselle sont ainsi parmi les premiers à mettre entre parenthèses à grande échelle l’espace Schengen. En juin prochain, les accords prévoyant la suppression progressive des contrôles aux frontières intra-européennes vont fêter leur 40e anniversaire. Que restera-t-il de cette avancée historique après le cavalier seul de l’Allemagne, qui risque de provoquer un effet domino?
Le gouvernement allemand juge ces dispositions nécessaires pour «la protection de la sécurité intérieure contre les menaces actuelles du terrorisme islamiste et de la criminalité transfrontalière». Le refoulement aux frontières de migrants en situation irrégulière et des mesures pour l’expulsion accélérée de ces mêmes migrants font également partie des plans. Une des intentions est de renvoyer sur-le-champ les demandeurs d’asile ayant transité par un autre État membre de l’UE avant de se présenter aux frontières allemandes. Les règles européennes ont bien ancré le principe que c’est le premier pays où le migrant a cherché à trouver refuge qui doit statuer sur son sort. Reste à savoir comment faire fonctionner le dispositif. L’Autriche a déjà annoncé ne pas vouloir accueillir sur son territoire les migrants refoulés par l’Allemagne.
Il n’est pas à exclure que l’initiative allemande amène d’autres États européens à refermer partiellement leurs frontières. Le besoin d’agir pour mieux encadrer et réguler les flux migratoires ne peut pas justifier de mettre en danger les principes de l’espace Schengen. L’autre enjeu majeur est de ne pas entraver le droit humanitaire. L’équation à résoudre est certainement très compliquée. Pour l’instant, il semble toutefois que des pays comme l’Allemagne, pressés notamment par les partis d’extrême droite, misent sur des solutions qui, à première vue, sont trop simplistes et risquent de menacer encore davantage l’indispensable solidarité européenne.