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Santé, l’urgence

Notre système de soins a besoin de bras. Malheureusement, dans les pays autour de nous, c’est également le cas. Le Grand-Duché attire grâce à ses conditions salariales (principalement) des milliers de travailleurs dans le domaine, si vaste, de la santé. Et cela n’est pas près de s’arrêter.

En France, et notamment en Lorraine, les élus ont les sourcils qui se froncent de plus en plus en voyant bon nombre de jeunes nouvellement formés chez eux franchir cette frontière grand-ducale pour déployer leur talent dans les hôpitaux, les maisons de soins, les sociétés d’aide à domicile… Ils ont donc décidé de lancer une formule de bourses d’études avec, pour l’obtenir, l’obligation de rester travailler de leur côté de la frontière.

Évidemment, cette obligation ne durera que quelques années… mais elle permettra de limiter les départs vers des horizons mieux payés. Et cette initiative, assurément, n’est pas la dernière du genre côté français. Le Grand-Duché aussi a ses plans de bataille pour attirer et former de nouvelles générations de soignants.

Ce sont les grandes manœuvres partout pour tenter de renflouer les effectifs et permettre à nos systèmes de soins de fonctionner. Des systèmes qui évoluent pour l’instant côte à côte, avec toujours cette fameuse ligne imaginaire tracée entre nos deux pays alors que la Grande Région est au cœur de notre vie et que l’Europe doit théoriquement nous rassembler.

La crise du coronavirus a montré les tensions qui pouvaient régner dans ce monde médical lorsque l’urgence était là. Le Luxembourg avait permis aux employés frontaliers de ses hôpitaux de venir s’installer le temps de la crise dans des hôtels au Grand-Duché. Pour que ces professionnels soient au plus près de leur lieu de travail pendant le pic de la pandémie? Oui… mais pas seulement.

Il y avait une inquiétude : que le gouvernement français réquisitionne des personnels de santé vivant en France et travaillant à l’étranger pour aider dans les structures de soins en Lorraine, la région étant submergée de malades. Cette réquisition n’a jamais eu lieu. Mais la crise a mis au grand jour cette crainte de se faire voler «ses» soignants. Il va falloir dépasser cette peur, sinon c’est la santé dans toute la Grande Région qui en pâtira.