S’il y avait plus d’écolos qui mangent comme ils votent, le bio se porterait mieux au Luxembourg ! C’est, en substance, la réponse du président de la Baueren-Allianz aux faibles chiffres du bio au Grand-Duché : «Je vois que l’année dernière, nous avons eu une production de lait bio de 0,8%, dont un tiers a été exporté. Si les électeurs des verts consommaient du bio, on ne serait pas à 0,8%.» Pan, dans les dents !
À sa décharge, si l’on regarde le score des verts aux dernières législatives (10,13%), il est vrai qu’on ne retrouve pas vraiment cette sensibilité dans les caddies. Pourtant, un écologiste, par définition, devrait se soucier du contenu de son assiette. Surtout dans un pays où elles débordent, jusqu’à l’écœurement : le Grand-Duché est un triste champion du gaspillage alimentaire. Avec son prix élevé, le bio a au moins cet «avantage» qu’on est moins tenté d’en perdre une miette ! Blague à part, le bio a surtout pour avantage de proposer une alternative à l’agriculture conventionnelle, en se fondant sur une science agricole plus saine pour l’environnement et notre estomac.
Alors pourquoi le Luxembourg, ce pays à la culture agricole si forte, ce laboratoire idéal (vu sa taille et son pouvoir d’achat), se plante-t-il toujours avec le bio ? «C’est une question de mentalité luxembourgeoise», répond l’agriculteur.
Chacun interprètera cette phrase comme il l’entend. Pour les producteurs bio que nous avons pu rencontrer au Luxembourg, cette mentalité, c’est surtout le conservatisme agricole, qui défend la «tradition» agro-industrielle. Dans nos campagnes, le bio ne décolle pas. Il occupe un petit 4,14% de la totalité des surfaces agricoles. Donc, à la décharge cette fois-ci des écolos, difficile de trouver du bio local au Luxembourg !
Ces mauvais chiffres ne datent pas d’hier. Ils sont notamment le fruit d’une politique conservatrice qui s’est bien enracinée sous l’ère CSV, et qui a laissé un monde agricole peu porté sur la révolution verte.
C’est pourquoi on déguste avec un certain arrière-goût les derniers sondages, qui laissent entendre que les verts sont prêts à manger (avec) des conservateurs aux prochaines élections !
Romain Van Dyck