Qui l’eût cru? Personne n’a vu les Bleus du DP consacrer Yuriko Backes pour succéder à Pierre Gramegna. Le Parti démocratique refait le coup de 2013 : choisir un diplomate de carrière qui n’était en rien prédestiné à intégrer le gouvernement. Huit ans plus tard, les libéraux ne disposent visiblement toujours pas dans leurs rangs du bon profil pour assumer la tâche de trésorier en chef de l’État. La décision a donc été prise d’aller débaucher pour la seconde fois une personne extérieure au parti.
Yuriko Backes a commencé la semaine comme bras droit du Grand-Duc Henri. Depuis quelques heures, elle est non seulement membre du DP, mais se retrouve aussi aux portes du gouvernement. Un sacré changement de carrière qui est accompagné d’un certain nombre d’interrogations.
Retour en arrière. Même si le choix a officiellement été effectué par le Grand-Duc Henri, la nomination de Yuriko Backes comme maréchale n’était pas anodine. Le Premier ministre n’a jamais caché que son ancienne conseillère était la bonne personne pour mettre en œuvre la périlleuse réforme de la Cour grand-ducale. Moins de 18 mois plus tard, Yuriko Backes quitte déjà la Maison du Grand-Duc nouvellement créée. Le défi proposé par le DP est-il bien la seule raison de cette décision?
On sait que la réorganisation de la Cour ne s’est pas faite sans heurt. L’interview accordée par le couple grand-ducal en février dernier à Paris Match a fait tache. Visiblement vexée, la Grande-Duchesse avait cru bon de déclarer «qu’il y a sans doute une forme de misogynie à vouloir effacer l’épouse du Grand-Duc». Cet entretien n’a jamais obtenu l’aval de la maréchale, qui, de plus, a été obligée de préciser, en bonne diplomate, que «personne ne veut écarter la Grande-Duchesse».
Son talent diplomatique est aussi la principale qualité vantée par le DP. Yuriko Backes serait bien placée pour «défendre le bifteck du Luxembourg à Bruxelles», comme le souligne Xavier Bettel. La capacité à gérer les finances publiques a bien moins été mise en avant. Mais le DP pourrait avoir vu juste. Assis sur le banc de l’opposition, déi Lénk et le Parti pirate sont déjà venus saluer le choix effectué. Cette preuve de confiance est un bon début pour écarter les questionnements qui entourent sa nomination.
David Marques