S’accrocher à nos valeurs…

Elle n’en est pas à son coup d’essai. Après de multiples dérives à la tête du ministère allemand de la Défense, Ursula von der Leyen, nommée à la tête de la prochaine Commission européenne, a plombé la présentation de son équipe de commissaires par l’intitulé très douteux du portefeuille «Protection de notre mode de vie européen».

Vu que ce ressort comprend la Sécurité intérieure et la Migration, il ne faut pas chercher bien loin pour déceler les priorités d’Ursula von der Leyen. Dans son programme, elle plaide pour «des frontières solides et une nouvelle approche en matière de migration». Pour l’instant, le renforcement de la forteresse Europe semble peser bien plus lourdement que la volonté de mettre en place une politique migratoire digne de ce nom.

Et pourtant, l’urgence reste de mise en Méditerranée. Pendant les mois d’été, le désormais ex-ministre de l’Intérieur populiste de l’Italie s’est livré à une bien triste partie de tennis de table avec l’Union européenne pour répartir les 840 migrants sauvés par des navires humanitaires. Parler d’Union est exagéré si l’on sait que seuls la France, l’Allemagne, l’Espagne, le Portugal et le Luxembourg ont accepté d’accueillir ces migrants.

À la mi-août, l’Organisation mondiale pour les migrations (OIM) a dénombré 45 505 réfugiés et migrants ayant réussi à entrer en Europe par la mer, soit 30% de moins qu’en 2018. Le nombre de décès reste néanmoins honteux : 859 personnes ont déjà péri en Méditerranée.

La future présidente de la Commission européenne veut aujourd’hui «s’accrocher à nos valeurs» européennes. Ces valeurs incluent-elles le manque criant de solidarité envers des personnes en détresse ? Certainement pas. Renforcer la forteresse Europe n’est pas une solution. Accepter que des migrants soient maltraités, notamment grâce à de l’argent de l’UE, ne l’est pas non plus. S’accorder enfin sur des voies légales d’immigration doit, par contre, être une des priorités du prochain commissaire en charge de la Migration. Il s’agit du seul moyen de respecter les valeurs de ce fier Vieux Continent.

David Marques