Si le gouvernement voulait nous fâcher, il a réussi», clamait Nora Back, la présidente de l’OGBL, à l’occasion de la rentrée du premier syndicat du pays. Un «automne chaud» était annoncé au vu des conflits sociaux existants et potentiels. Affaire Caritas, réformes des pensions et des conventions collectives, extension du travail du dimanche… La liste ne cesse de s’allonger et on a l’impression que le climat devient de plus en plus toxique, mettant en péril un dialogue constructif entre les parties concernées.
Qui est à blâmer dans cette situation? Le camp syndical ne cesse de mettre la pression sur un gouvernement qu’il avait décrié dès avant sa formation officielle. Aujourd’hui, une «attaque massive» contre les droits et acquis des salariés est dénoncée. Le risque d’escalade est réel. Reste à savoir comment ramener le calme. Pour l’instant, en tout cas, OGBL et LCGB se disent décidés à ne rien lâcher. Les deux syndicats travaillent d’ailleurs sur un plan d’action commun. Avec une importante mobilisation d’ici à la fin de l’année?
On pourrait reprocher aux représentants du salariat de sortir trop vite de leurs gonds. Dans le même temps, les membres du gouvernement concernés se montrent plutôt maladroits dans la gestion des dossiers chauds. À peine la phase de consultation sur la viabilité du système des pensions lancée, la ministre de la Sécurité sociale, Martine Deprez, a du mal à maintenir la sérénité souhaitée pour ce processus. De son côté, le ministre du Travail, Georges Mischo, n’est pas capable de discuter avec les syndicats dans le «climat de confiance» qu’il souhaite mettre en place. OGBL et LCGB lui reprochent de faire cavalier seul. Le ministre aurait ainsi affirmé que la «prise de position des syndicats n’apportait à ses yeux aucune plus-value et qu’il (…) prendrait (…) seul une décision». Ce reproche est lié à sa volonté de remettre en question le principe légal selon lequel seuls les syndicats peuvent négocier des conventions collectives.
Le patronat doit se réjouir des récentes évolutions. Le retour à l’esprit tripartite – et donc à l’art de dégager des compromis – sera toutefois incontournable pour éviter la fin de la paix sociale, un des atouts majeurs du Luxembourg.