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Rien n’est joué d’avance

Marine Le Pen a été battue par K.-O. mercredi soir lors du pire débat présidentiel de l’histoire de la Ve République. Vide abyssal de son programme, attaque systématique et frontale d’Emmanuel Macron, la candidate du Front national a montré qu’elle n’était pas crédible. Il y a peu de chances que sa base ait été influencée par ce triste spectacle, mais elle a certainement raté sa chance de convaincre les indécis déçus que leur poulain du premier tour n’ait pas été retenu en finale.

Pour autant, il ne faut surtout pas sous-estimer le pouvoir de frappe du FN ainsi que le ras-le-bol de millions de Français qui n’hésiteront pas à mettre un bulletin Le Pen dans l’urne, ou à bouder les isoloirs, ce qui revient strictement à la même chose. On est loin, très loin de 2002 où Jacques Chirac faisait un score de dictateur africain dans un sursaut républicain. Ces derniers jours ont été particulièrement difficiles, et la dernière ligne droite de cette campagne est une épreuve. Que ce soit en famille, entre amis, sur le lieu de travail, tout le monde a son mot à dire sur cette élection. Beaucoup de Français ne se retrouvent pas dans les programmes des deux candidats, certains allant même jusqu’à dire que les deux se valent. Sachant que seul l’un des deux va garantir la continuité républicaine, les institutions et la liberté de la presse, la différence est pourtant vraiment flagrante. Le calcul de se dire que tout est joué d’avance est un jeu dangereux, jeu qui n’a pas tellement réussi aux États-Unis et au Royaume-Uni.

C’est aux élections législatives que tout va se jouer et que l’équilibre des forces va se mettre en place. Les partisans des uns et des autres devraient se mobiliser pour ce troisième tour. Mais il faut d’abord ravaler ses rancœurs et aller voter dimanche, pour éviter que le Luxembourg ne se retrouve avec des frontaliers coincés derrière la frontière à compter leurs francs. Le tableau est peut-être caricatural, mais la menace est réelle. On peut regretter le manque de choix et refaire le match à l’infini, mais dimanche seul le barrage au FN constitue une alternative.

Audrey Somnard