La crise financière de 2007/2008 semble loin et pourtant de nombreux pays en subissent encore les conséquences. Elle a, de manière concrète, permis un magnifique tour de passe-passe souvent résumé sous la formule suivante : «privatisation des profits et socialisation des pertes». Ce sont ainsi les contribuables qui ont dû mettre la main à la poche pour sauver des banques «trop grosses pour faire faillite» («too big to fail»). Résultat : la dette publique a explosé et de nombreux États ont mené pour parer à cette situation la pire politique qui soit, c’est-à-dire l’austérité. Pendant ce temps, le nombre de banquiers qui ont dû répondre de leurs actes devant la justice se compte sur les doigts d’une main.
Mais ceci est du passé, évidemment. Par exemple, au sein de la zone euro, il ne viendrait pas aujourd’hui à l’esprit de dirigeants politiques de sauver des banques avec de l’argent public, ce qui est d’ailleurs désormais contraire aux propres règles de l’Union bancaire instituée en 2014 pour justement éviter ce genre de dérives.
Pourtant, pas plus tard que dimanche, le gouvernement italien est venu au secours de deux banques vénitiennes en faillite (Banca Popolare di Vicenza et Veneto Banca) en confiant leur gestion au numéro un du secteur, Intesa Sanpaolo. Cette opération pourrait coûter à l’État jusqu’à 17 milliards d’euros, soit 1% du PIB italien. L’argument pour justifier ce creusement de la dette du pays (plus de 130% du PIB) a comme un goût de réchauffé : ces deux banques présentaient ce fameux «risque systémique». Et la Commission européenne s’est d’ailleurs empressée d’accorder son feu vert à la violation des règles de l’Union bancaire.
«Dans les procédures de faillite, l’intervention de moyens publics doit être réduite autant que possible (…) Si des banques ne sont pas rentables, il est préférable de les laisser quitter le marché plutôt que de les maintenir artificiellement en vie avec des recapitalisations préventives.» Mais quel est donc ce gauchiste qui a tenu, lundi, des propos aussi irresponsables ? Il s’agit de la porte-parole du ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble…
Nicolas Klein