La crise des migrants n’en finit plus de faire la une des médias. Prenons la situation à partir de deux points de vue. Tout d’abord, celui des Européens censés les accueillir. Si des réactions d’hostilité se font jour, bien souvent orchestrées par des mouvements d’extrême droite, nombreux sont les citoyens à venir en aide aux migrants. Bien sûr, ces arrivées massives peuvent en effrayer certains et il serait stupide de les considérer comme de «sales racistes remplis de haine». Après tout, la peur de l’autre, de l’étranger, est un réflexe assez naturel et universel.
Du point de vue des migrants, l’arrivée en Europe après une véritable odyssée est plutôt brutale, la réponse de la majorité des dirigeants européens étant essentiellement sécuritaire. Mais ce ne sont pas les matraques de la police, les gaz lacrymogènes et les barbelés qui dissuaderont des personnes qui fuient les bombardements à l’arme chimique de Bachar al-Assad, les décapitations et les crucifixions de l’État islamique en Syrie ou les attentats suicide des talibans en Afghanistan, de venir en Europe.
Alors il existe deux voies à suivre. Soit les Européens se montrent solidaires et pragmatiques, à l’image de l’Allemagne, soit ils persistent dans la logique répressive. Avec cette dernière option, pour plusieurs années, des groupes de migrants vivront dans la clandestinité éparpillés un peu partout en Europe. Ils seront en marge, avec très peu de contacts avec les populations locales, ce qui renforcera les craintes qu’ils suscitent.
Gageons que les dirigeants européens se rallieront au pragmatisme et ne fermeront pas leurs portes poreuses aux migrants, de manière à soulager les pays en première ligne d’un fardeau largement supportable à l’échelle de l’UE. Accueillis dans de bonnes conditions, les migrants pourraient apprendre la langue, les coutumes et les lois du pays où ils sont installés. Ils s’inséreraient alors plus facilement parmi les autres citoyens qui constateraient que les gens en haillons vus à la télé ne sont que des hommes et des femmes ordinaires, avec leurs qualités et leurs défauts, qui cherchent à fuir la mort et à accéder à une vie meilleure pour leurs enfants.
Nicolas Klein (nklein@lequotidien.lu)