Elle était là, cachée sous un tas de vieux papiers, un peu poussiéreuse et découverte lors d’un ménage de printemps. Cette cassette vidéo datant de 2001 du ministère des Finances luxembourgeois dévoile le mode d’emploi d’une nouvelle monnaie qui allait changer nos vies : l’euro. Difficile de la regarder à nouveau, les magnétoscopes sont en voie de disparition de nos jours. L’objet semble être une relique d’un lointain passé. Et pourtant. C’était il y a à peine moins de deux décennies…
L’euro fait partie maintenant de nos vies, de nos vies à tous sur une grande partie du continent européen. C’est aujourd’hui comme une évidence qui nous permet de franchir les frontières sans passer par la case des bureaux de change aux aéroports, dans le cœur des grandes villes ou encore dans les lobbys des hôtels. L’euro nous a apporté une liberté qu’il serait difficile maintenant d’abandonner. L’Europe a donc du bon, n’en déplaise aux populistes qui lui mettent tous les problèmes de leur pays sur le dos.
Un autre exemple : Erasmus. Oui, aujourd’hui, les étudiants peuvent voyager, échanger, se confronter à d’autres systèmes d’enseignement, découvrir sans contraintes. Erasmus a été créé il y a trente-deux ans maintenant. Une éternité pour certains. Pourtant, maintenant, qui oserait dire à un étudiant communautaire qu’il n’a pas le droit d’étudier dans une université européenne parce qu’il n’a pas la bonne nationalité ? Cela provoquerait un scandale immense.
Remontons encore plus de trente ans en arrière et arrêtons-nous sur les frontières, ces fameuses frontières où il fallait montrer automatiquement patte blanche pour les traverser, où les Européens se considéraient comme des étrangers entre eux. Dorénavant, seul un panneau indique que nous avons changé de pays.
Toutes ces avancées semblent aujourd’hui si naturelles que personne n’imagine qu’elles puissent disparaître un jour. Pourtant, elles sont en danger, à l’heure où souffle un vent mauvais sur le continent. Risque-t-on un grand bond en arrière après les élections prévues à la fin du mois ?
Laurent Duraisin