Arrivée au pouvoir fin 2013, la coalition tricolore emmenée par Xavier Bettel voulait relancer le dialogue social, un peu endormi à la suite de l’échec de la tripartite de 2011. La bonne intention ne s’est jamais réalisée.
Très rapidement, le principe de la tripartite a été remplacé par des bipartites. Syndicats et patronat ont négocié séparément avec le gouvernement, notamment sur le paquet d’austérité décidé en 2014.
L’erreur n’est pas à imputer au seul Premier ministre, peu enclin à réunir la tripartite pour se contenter de «boire une tasse de café» avec les partenaires sociaux. Il faut souligner que les positions maximalistes des camps syndical et patronal n’ont pas aidé à relancer la machine.
Même lors de la pandémie de coronavirus, une des plus graves crises depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le dialogue social a eu du mal à se mettre en place.
Si la tripartite de juillet 2020 s’est conclue par un accord intermédiaire pour préserver l’emploi, le rendez-vous de décembre dernier s’est soldé par un échec. Gouvernement, syndicats et patronat n’ont pas réussi à s’accorder sur une base de discussion commune.
La donne a changé avec l’explosion généralisée des prix. Le camp syndical insiste depuis octobre dernier pour agir. Il a toutefois fallu attendre l’invasion russe en Ukraine pour que le Premier ministre convoque les partenaires sociaux.
Cette fois, les trois parties ont reconnu la gravité de la situation. On a retrouvé l’esprit même de la tripartite. Les échanges ont été tendus. Chaque camp a dû lâcher du lest. En confirmant l’indexation des salaires et pensions, remise en question par le patronat, le gouvernement a même réussi à ouvrir la voie à un accord final.
Rien n’est cependant acquis. Le décalage à 2023 d’une seconde tranche indiciaire reste compliqué à avaler par les syndicats. Contrairement à 2011, où une modulation de l’index est restée sans contrepartie pour les salariés, le principe même d’un mécanisme de compensation, proposé par le gouvernement, devrait pouvoir suffire à dégager un accord.
Le patronat a déjà eu gain de cause. Pour convaincre les syndicats, le retour aux sources de la négociation tripartite, amorcé mardi et mercredi, doit être maintenu lors des discussions qui restent à mener.