Les Britanniques sont formidables. Cela fait maintenant quatre mois qu’ils ont choisi par référendum de quitter le navire européen, mais voilà, il semblerait que la perfide Albion se complaise dans un entre-deux du «partira, partira pas». Comme si les Européens allaient finalement les retenir, les Britanniques jouent la montre. Theresa May a déclaré il y a quelques jours que le Royaume-Uni allait continuer de jouer un rôle dans l’élaboration des décisions clés de Bruxelles, jusqu’au bout. Mais dans quel but ? Les Britanniques sont comme ces invités dans votre maison de campagne qui ne cessent de se plaindre, mais qui ne veulent pas partir pour autant.
Les Vingt-Sept ont pourtant été très clairs avec eux : ce sera un Brexit dur ou pas de Brexit du tout. Alors que les Écossais préparent un deuxième référendum d’indépendance, que la République d’Irlande se demande comment elle va pouvoir gérer une frontière physique avec sa voisine du Nord, la livre sterling a atteint l’un des plus bas taux de change de son histoire. Pourtant, un article du Telegraph expliquait encore il y a quelques jours que l’économie britannique d’après-Brexit serait sauvée par… l’exportation de thé, confiture et biscuits. Cela serait très drôle si l’article n’était pas sérieux. Les pro-Brexit pensent que les pays hors UE commerceront plus facilement avec le Royaume-Uni et avec des accords plus avantageux que ceux avec le marché unique des 27 autres. Les Britanniques ont perdu la raison, il n’y a pas d’autre explication.
Le candidat à la primaire de droite en France Alain Juppé, le chouchou des sondages, a déjà parlé de remettre la frontière anglaise dans le Kent et non plus à Calais. Les Français, qui «retiennent» les migrants sur leur territoire – dans des conditions par ailleurs épouvantables –, pourraient très bien décider d’ouvrir les vannes et laisser les Britanniques gérer eux-mêmes leur flux de migrants. Après tout, c’est là l’esprit du Brexit, ne pas laisser les décisions aux amis européens, en particulier les Français et les Allemands. Reprendre le contrôle, ce n’est pas ce qu’ils voulaient dès le départ ?
Audrey Somnard