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Migrants, la patate chaude

Qui de mieux placée qu’une cheffe de la diplomatie européenne de nationalité italienne pour aller plaider l’adoption d’une résolution au Conseil de sécurité de l’ONU sur la question des migrants en Méditerranée ? Federica Mogherini, haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, était hier à New York pour défendre en toute connaissance de cause la «stratégie libyenne» de l’UE  : une réponse italo-euro-onusienne.

Car si l’idée présentée hier émane du cabinet de Federica Mogherini –  d’un commun accord avec les diplomaties européennes  – elle doit passer par une résolution onusienne pour permettre aux Européens de pénétrer dans les eaux territoriales libyennes et d’arraisonner des navires battant pavillon étranger. Le droit de la mer l’interdit. L’accent italiano de la réponse proposée aux flux migratoires en Méditerranée se rapporte, lui, au commandement du projet, qui sera italien.

Et «la Mogherini», comme on l’appelle dans la péninsule, est attendue ce mardi à Luxembourg, où elle doit rencontrer Jean Asselborn, puis le Premier ministre, Xavier Bettel.

La patronne de la diplomatie européenne s’entretiendra par ailleurs avec le plus italien des présidents de la Chambre des députés de l’histoire du Luxembourg, Mars Di Bartolomeo. «La Mogherini» sera également reçue en audience par le Grand-Duc. Ce sera l’opportunité de renforcer davantage encore les relations entre Italie et Luxembourg. Rappelons que plus de 26  500 ressortissants italiens sont inscrits sur les listes de la Chancellerie consulaire de l’ambassade d’Italie à Luxembourg, tandis que la communauté italo-luxembourgeoise est constituée de 30 000 à 40  000 personnes, toutes immigrées ou d’origine immigrée.

Le chef du gouvernement luxembourgeois, son ministre des Affaires étrangères et Federica Mogherini devraient discuter plus en détail du drame de l’immigration qui se déroule en Méditerranée. Cela peut s’avérer bien utile sur ce dossier aux allures de patate chaude, risquant d’envenimer la présidence luxembourgeoise de l’UE qui débute dans 50 jours.

Claude Damiani