Le congrès de samedi devait être pour le CSV celui de la réconciliation. L’exercice n’est réussi qu’à moitié en dépit des efforts de tous les orateurs de mettre le cap sur l’avenir et le double scrutin de 2023.
Avant de pouvoir penser à fêter un quelconque succès électoral, le Parti chrétien-social devra encore effacer les démons du passé. Samedi à Ettelbruck, l’ombre du président chassé Frank Engel et du procès CSV Frëndeskrees a plané sur le hall Deich. Georges Pierret, membre de longue date du CSV, est même monté à la tribune pour remettre en question son adhésion au parti. Un parti dont la fraction parlementaire l’a (in)directement mené sur le banc des prévenus, avec Frank Engel, soupçonné d’escroquerie, d’abus de confiance, de blanchiment ou encore de faux et usage de faux.
L’acquittement sur toute la ligne, en décembre dernier, des sept prévenus dans ce procès sans précédent n’a donc pas suffi à refermer les plaies. Au contraire de Félix Eischen, abasourdi par cet épisode judiciaire, les anciennes vice-présidentes Elisabeth Margue et Stéphanie Weydert ont toutefois décidé de remonter dans l’arène. Bien avant leur inculpation, ces jeunes espoirs du parti étaient prévus pour devenir coprésidente et cosecrétaire générale du CSV. C’est chose faite depuis samedi.
Sans évoquer ouvertement le procès, les deux juristes de formation ont laissé entrevoir, elles aussi, une certaine rancune. «Nous ne pouvons pas faire comme si de rien n’était», dit Elisabeth Margue. «Il n’est pas question que l’un se retourne contre l’autre», souligne Stéphanie Weydert. Toutes les deux ont indiqué lors du procès avoir été mises sous pression pour signer la dénonciation. Samedi, les coprésidents de la fraction Martine Hansen et Gilles Roth se sont efforcés d’envoyer un signal d’unité.
En prévision de 2023, le CSV a tout intérêt de prendre à cœur les mots de l’ancien Premier ministre Pierre Werner, cités par le coprésident Claude Wiseler : «Il n’a pas clamé que le CSV était le meilleur parti. Il ne s’est pas non plus contenté de lister tous les mérites de son gouvernement. Mais il a mis l’accent sur la responsabilité, l’engagement et la crédibilité.» Un leitmotiv qui pourrait permettre aux chrétiens-sociaux d’inverser la vapeur.