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Réfugiés : il n’y a plus de mots

Nicolas Schmit, commissaire européen du Luxembourg, ne mâche pas ses mots. Interrogé sur la catastrophe humanitaire qui se joue sur l’île grecque de Lesbos, l’ancien ministre socialiste fustige le fait que «l’Europe a pris la décision de parquer la grande majorité des migrants dans un pays auquel on verse des milliards d’euros pour qu’il les prenne en charge. On a voulu faire abstraction du problème. Procéder de cette façon ne peut pas fonctionner.» Il est clairement fait allusion à la décision de l’UE de confier à la Turquie la gestion du problème migratoire. En clair : l’Europe a payé pour pouvoir oublier cette tragédie humaine. Le désespoir des réfugiés est cependant plus fort. Ils continuent à mettre leurs vies en danger pour rejoindre les îles grecques. Même si Athènes le nie, les garde-côtes repoussent violemment les migrants vers la Turquie. Des cas où les moteurs des bateaux de fortune ont été détruits sont avérés. Des familles avec de jeunes enfants se sont retrouvées abandonnées à leur propre sort en pleine mer. Ceux qui ont atteint Lesbos ont été entassés dans des camps où 1 000 personnes doivent se partager un point d’eau. L’embrasement qui s’est produit à Moria n’était qu’une question de temps. Mais la réponse des responsables politiques nous laisse sans mots. Alors que du gaz lacrymogène est pulvérisé sur des familles en pleurs, les 27 ne parviennent pas à s’accorder pour répartir entre eux 13 000 réfugiés. Faut-il rappeler que l’UE compte 500 millions d’habitants? Les arguments pour justifier le blocage sont toujours les mêmes. Les pays de l’Est ont peur d’être envahis par des malfrats, d’autres redoutent que l’accueil d’une frange de réfugiés ouvre les vannes. Les chiffres objectifs démontrent que ces craintes ne sont pas justifiées.
Mercredi, la Commission européenne va présenter un nouveau paquet migratoire. Pour permettre à l’UE de renaître de ses cendres ? Rien n’est moins sûr…

David Marques