En matière de violences faites aux femmes, il n’existe pas de profil politique ou sociologique. Les salauds sont de tous bords. Et de tous les milieux. Ils peuvent se montrer humanistes le matin et se révéler tortionnaires le soir. Héros glorifiés sur la place publique, infâmes bourreaux dans l’intimité du huis clos familial. Ils peuvent être de riches dédaigneux, ou des pauvres types sans le sou. Ivres de pouvoir, ivres de la misère.
Lorsque l’un ou l’autre adorateur de la cause masculiniste refuse de regarder les choses en face, c’est déjà difficile à avaler. Quand ceux qui n’auront jamais à connaître la détresse réécrivent l’histoire pour mieux se donner raison, c’est simplement indigeste. Peu importent les chiffres qu’ils interprètent à leur manière. C’est qu’on peut leur faire dire absolument tout et n’importe quoi pour justifier bien des travers.
Il y a surtout la réalité implacable. Les tribunaux sont remplis de femmes terrorisées, dont le visage tuméfié en dit long sur les fracas subis au quotidien. Le calvaire de toute une vie, dans la plupart des cas. Des victimes qui devront au final se rétracter ou minimiser les coups reçus, parce que le souffle de la menace traverse tout du long leur dos cassé. Parce que trop conscientes qu’elles en ramasseront deux fois plus dès l’audience terminée. Rendues à leur enfer habituel. Pour peu que le conjoint inexcusable ait fait amende honorable devant ses juges. Sans honte, l’opinion décidera qu’en fait, «elles le veulent bien», celles qui auront osé espérer un instant de dignité. Dans un élan brutalement freiné par ce système dysfonctionnel qui expédie les dossiers comme on envoie son poing en pleine figure. Une claque supplémentaire, qui fait tout aussi mal. D’aucuns penseront à une proche dont l’existence n’est que souffrances. Physiques, sexuelles, psychologiques, économiques…
C’est ça, la triste vérité, quand on naît du «mauvais côté» de l’humanité. Depuis que le monde est monde. Aussi longtemps que les sociétés patriarcales encourageront les comportements abusifs. Ces messieurs n’ont pas le droit de la contester, cette triste vérité qui heurte leurs consciences tranquilles. Ni de la déformer pour arranger leurs affaires.
Alexandra Parachini