L’autre jour dans le bus, j’ai assisté à une scène de racisme malheureusement trop ordinaire. Devant moi étaient assis deux ploucs consanguins anémiés en treillis militaire. Ils parlaient fort de «femelles en chaleur», d’étrangler voleurs, violeurs, profiteurs à qui «l’État donne tout, alors que nous, on n’a rien» et qui peuvent se payer les derniers smartphones, des baskets neuves et de grosses voitures. Deux clichés ambulants dans un bus, fruits de générations d’imbéciles pas heureux et très complexés. J’ai hésité à leur demander de baisser d’un ton, mais j’ai préféré garder le nez bien emmitouflé dans mon écharpe parfumée tellement les deux gars étaient puants dans tous les sens du terme. Ça sentait le tabac froid, la crasse, les cheveux gras, la transpiration, la vieille binouze et le cérumen. Et alors que je pensais que plus rien ne pourrait plus m’étonner, le plus bavard s’est plaint d’une mauvaise odeur après qu’un jeune papa d’origine africaine et son adorable bambin sont entrés dans le bus.
La misère sociale à son paroxysme. Cela dépasse la bêtise. Face à une menace, à une réalité que l’on ne contrôle pas ou que l’on ne comprend pas, on cherche des boucs émissaires et on jongle avec les stéréotypes pour s’éloigner de sa propre médiocrité. Les deux charmants passagers cumulaient à peu près toutes les tares et pourtant, ils jouaient aux coqs toxiques sur leur tas de fumier. Pauvres d’eux, condamnés à l’amertume perpétuelle et à s’isoler entre bas du front. Je suis descendue du bus en même temps que le papa et son fils. Ma vie a continué. Celle du papa et de son fils aussi. Mais entendre les mêmes conneries depuis des décennies est fatigant. Comme il est triste de constater que la bêtise est sans fin et s’inscrit dans nos ADN. On est bien peu de chose face à ceux qui la pratiquent. Je retiens juste ceci : on est tous égaux face aux imbéciles parce qu’on est différents d’eux. Parce qu’on ne pense pas comme eux. Et ça, c’est vachement chouette!