Bien plus vite que prévu, les chefs d’État et de gouvernement de l’UE ont accordé jeudi leur feu vert au paquet de la Commission européenne, qui prévoit de mobiliser quelque 800 milliards d’euros pour réarmer l’Europe. La Hongrie et la Slovaquie n’ont pas émis leur veto tant redouté. «Si un ou deux États membres disent stop, il faut les laisser à quai et continuer à aller de l’avant sans eux», lançait avant le début du sommet le Premier ministre, Luc Frieden.
Le fait que les Vingt-Sept comptent finalement avancer ensemble pour renforcer leur capacité de défense est positif. L’unité pour continuer à soutenir l’Ukraine n’est pas acquise pour autant. Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, très proche de Vladimir Poutine et de Donald Trump, figure parmi ceux qui veulent imposer à tout prix un accord de paix à Kiev.
Revenons au Luxembourg et à l’obligation d’augmenter une nouvelle fois l’effort de défense. L’investissement de 2 % du revenu national brut (RNB) à l’horizon 2030 s’avère d’ores et déjà insuffisant. Jeudi, le Premier ministre a indiqué que le gouvernement comptait trancher d’ici juin dans quelle mesure le budget de défense serait revu à la hausse. Arriver à 1,5 milliard d’euros en 2030 constitue déjà un effort considérable. Le seuil imposé par l’OTAN devrait augmenter au moins à 3 %. Cette année, le Luxembourg consacre 1,3 % du RNB à sa défense.
«Il ne s’agit pas uniquement d’une question d’argent. Il faudra définir dans quel matériel on investira ensemble, comment on pourra utiliser les fonds de manière intelligente», souligne à juste titre Luc Frieden. Les fonds nécessaires doivent néanmoins être trouvés. Le ministre des Finances, Gilles Roth, a déjà annoncé vouloir limiter le recours à de nouvelles dettes.
Sur RTL, il évoque une «réorientation de différents investissements». Le Premier ministre, interrogé jeudi soir par nos confrères, estime que de «nouvelles priorités» doivent être définies, sans toutefois vouloir couper dans les budgets consacrés au social ou à la transition énergétique. Qui paiera donc la note ?
Pour l’instant, le gouvernement avance à pas feutrés. Il ne pourra toutefois pas fuir ses responsabilités, s’il entend rester un allié crédible au sein de l’UE et de l’OTAN.