Donald Trump voulait être dictateur pour un jour. Il s’avère aujourd’hui, à peine un mois après son retour au pouvoir, que le président américain se plaît dans ce rôle, où il décide seul en tant que maître absolu des États-Unis. Lui et son vice-président J. D. Vance mettent ouvertement en doute l’indépendance de la justice. Selon eux, chaque juge qui décide de s’opposer à une décision de Trump doit être éjecté de son siège. Tout comme les milliers de membres de l’appareil étatique que le président voit comme ennemis et qui sont virés à la pelle. Des déportations sont menées en toute impunité. Des menaces d’annexer des pays et territoires souverains se multiplient. Des journalistes indépendants refusant de propager aveuglément son action, en l’occurrence nos confrères d’Associated Press (AP), sont bannis. Les élus de son Parti républicain ne réagissent guère. Le peuple peine à s’élever contre Trump et sa bande.
Les dernières cibles en date sont les pays de l’Union européenne et l’Ukraine. La liberté d’expression et la démocratie seraient menacées sur le Vieux Continent, les partis d’extrême droite trop peu considérés. Une nouvelle limite a été dépassée mardi et hier. Donald Trump n’a pas eu de scrupules pour clamer que son homologue ukrainien portait seul la responsabilité de l’invasion russe dans son pays. Volodymyr Zelensky est désormais traité de «dictateur» qui ne jouirait d’aucune légitimité pour rester à la tête de l’Ukraine. Au Kremlin, Vladimir Poutine risque de ne pas avoir assez de vodka en stock pour trinquer.
Au vu de tout ce qui précède, on peut se poser la question : qui est le vrai dictateur? Un président dont le peuple se bat depuis trois ans contre l’agresseur russe, pour retrouver sa liberté? Ou un président qui est bien parti pour instaurer un régime autoritaire, misant sur la loi du plus fort, sans tolérer une quelconque opposition? Ce qui se passe à Washington – ou plutôt à Mar-a-Lago, l’autre Maison-Blanche de Trump – est terrifiant. Suffit-il encore de garder la tête froide face à ses agissements hallucinants? Ne s’agit-il que d’un show débile pour faire impression? Des réponses doivent tomber rapidement, afin d’éviter le pire. Pour l’Ukraine, l’Europe et, aussi, les États-Unis.