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Qui a volé ma pelle ?

L’ironie du sort veut que la carrière politique de Xavier Bettel ait été inspirée par la revendication de faire implanter une aire de jeux dans son quartier. L’enfant ayant lancé une pétition est aujourd’hui devenu Premier ministre. Le 25 mai, il avait estimé au côté de la ministre de la Santé, Paulette Lenert, que le risque de rouvrir les aires de jeux en cette période de crise sanitaire était encore trop important. Or le gouvernement a omis de justifier sa décision par la présentation en toute transparence d’une modélisation concrète.
Aujourd’hui, on sent embarrassés les ministres de tutelle qui peinent à expliquer la fermeture prolongée des aires de jeux. Le manque de cohérence par rapport aux autres mesures de déconfinement est flagrant. Pour l’opposition parlementaire, de plus en plus frustrée par la gestion de crise du gouvernement, l’occasion était trop belle. Mardi, elle a lancé une attaque frontale en pleine séance plénière.
Malheureusement, le débat s’est rapidement transformé en querelle de bac à sable. À un moment, on pouvait se demander qui avait volé la pelle de quel camarade. Aussi bien les élus de l’opposition que de ceux la majorité ont contribué au «spectacle désolant», mentionné à juste titre par Sven Clement (Parti pirate). Le CSV était même sur le point de quitter, une fois de plus, la salle en signe de protestation…
Visiblement, l’ambiance était bien moins délétère en commission parlementaire, loin des regards du grand public. Dès vendredi, les députés, toutes couleurs confondues, ont insisté auprès de la ministre de la Santé pour obtenir la réouverture des aires de jeux. Paulette Lenert avait pris un engagement.
Force est toutefois de constater, qu’en fin de compte, l’intérêt purement politique a pris le dessus sur l’intérêt des enfants. Une raison de plus pour rendre enfin publiques les réunions de commissions parlementaires afin d’éviter des règlements de compte décalés et déplacés.

David Marques