Accueil | Editoriaux | Question de timing

Question de timing

À partir du 1er juillet prochain, la France interdira de fumer sur les plages, dans les espaces verts, aux abords des écoles et dans d’autres lieux publics. Une mesure très attendue, inscrite dans le plan national de lutte contre le tabac 2023-2027, qui vise à renforcer la prévention et à protéger les non-fumeurs du tabagisme passif.

Cette initiative, annoncée à quelques jours de la Journée mondiale sans tabac, qui a lieu ce samedi, suscite pourtant des interrogations sur son calendrier et sa portée. L’Hexagone semble en effet accuser un léger retard. Notamment si l’on compare ces mesures à celles déjà en vigueur depuis plus d’une décennie au Luxembourg.

Le Grand-Duché a en effet interdit de fumer dans les aires de jeux dès 2013, et dans les véhicules transportant des enfants depuis 2017. Si la taille des deux pays diffère, l’industrie du tabac, elle, a aussi changé de visage. Et ce bouleversement est aujourd’hui palpable.

La dernière enquête annuelle sur la prévalence tabagique au Luxembourg, publiée il y a quelques jours, en témoigne : les Camel, Kent ou Marlboro ne séduisent plus. Chez les 16-24 ans, près d’un tiers des résidents préfèrent désormais les cigarettes électroniques jetables. Plus agréables au goût, aux arômes sucrés, les fameuses puffs, ces vaporettes colorées, sont plébiscitées par 93 % des jeunes vapoteurs.

L’industrie du tabac a su s’adapter, constatant une chute continue de la consommation des cigarettes classiques. Ces nouveaux produits, bien plus attractifs que le goudron des Lucky Strike d’antan, changent la donne et obligent les États à repenser leurs politiques.

La France s’attaque au problème, oui, mais sans embrasser toutes ses dimensions. La ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, Catherine Vautrin, a clairement indiqué que cette interdiction ne concernerait pas les cigarettes électroniques. Une omission qui pourrait coûter cher.

Le Luxembourg, lui, continue d’anticiper. Une nouvelle campagne de communication y sera lancée ce 31 mai, cocréée avec les jeunes, pour déconstruire les idées reçues et rappeler que les produits «tendance» à base de nicotine sont hautement addictifs. Parce que la prévention, elle aussi, doit évoluer, en temps et en heure.