Les tractations sont lancées pour de bon. Ces jeudi et vendredi, les chefs d’État et de gouvernement sont censés s’accorder sur les noms des quatre dirigeants clés que compte l’UE.
Mardi dernier, le Premier ministre polonais, Donald Tusk, un des négociateurs appelés à déblayer le terrain, s’était montré assez confiant, en marge d’une visite au Luxembourg, sur le fait que les dés étaient jetés : la présidence de la Commission européenne pour Ursula von der Leyen, la présidence du Conseil européen pour António Costa, la présidence du Parlement pour Roberta Metsola et le poste de haut représentant pour les affaires étrangères pour Kaja Kallas.
En soi, il s’agit du choix de la raison. Le Parti populaire européen (PPE), sorti en tête des urnes lors du scrutin du 9 juin, garderait la main sur la Commission et le Parlement. Le camp social-démocrate hériterait du Conseil, tandis que les libéraux prendraient la direction de la diplomatie européenne.
Chacune des trois familles politiques appelées à former la prochaine coalition dans l’hémicycle serait servie. Ou presque. Le rôle de la fraction des Verts n’est pas encore déterminé. Est-ce que le PPE va vouloir (ou pouvoir) les convaincre de formellement sceller une alliance pro-européenne ?
De l’autre côté de l’échiquier politique, le groupe des Conservateurs et réformistes européens (ECR), emmené par la cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, commence aussi à réclamer plus de pouvoir. Une conséquence directe du flirt d’Ursula von der Leyen avec cette mouvance ? Depuis qu’il est clair que le PPE n’aura, a priori, pas besoin du soutien de la bande à Meloni, le parti ne veut plus rien savoir des avances faites. Rien n’est cependant encore acquis.
Hier, le ministre des Affaires étrangères, Xavier Bettel – membre de la famille politique libérale – a mis en garde le PPE contre le fait de se montrer «trop gourmand». La formation de centre droit chercherait à rafler un «top job» de plus, en n’offrant qu’un mandat partiel de deux ans et demi au camp social-démocrate à la tête du Conseil.
Il dit aussi comprendre les ambitions de Giorgia Meloni. Un nouvel épisode des querelles européennes s’annonce. Il serait toutefois dans l’intérêt de l’Europe que l’on puisse rapidement passer aux contenus politiques.