Le temps d’une matinée, la guerre était de retour au Luxembourg. Dans les esprits, bien entendu, lors de la commémoration, samedi, du 80e anniversaire de la bataille des Ardennes. Il est à chaque fois émouvant de voir les quelque 5 000 croix blanches qui forment le cimetière militaire américain de Hamm. Ici reposent une partie des 19 000 soldats venus des États-Unis qui sont tombés lors de cette ultime bataille avant que le Luxembourg retrouve définitivement sa liberté. Cette année, les vétérans ont peut-être fait leur dernier déplacement en Europe pour rendre hommage à leurs camarades.
Lors du 75e anniversaire, en 2019, les combats faisaient déjà rage dans l’est de l’Ukraine. Ce conflit semblait toutefois encore lointain. Trop longtemps, les pays de l’UE et de l’OTAN sont restés attentistes, en dépit des efforts diplomatiques entrepris notamment par la France et l’Allemagne. La situation est bien plus grave aujourd’hui : 80 ans après le carnage qui a eu lieu dans les forêts et les champs des Ardennes, les soldats ukrainiens se battent, dans la neige et le froid, pour repousser l’ennemi et retrouver la liberté. Bon nombre de responsables politiques clament que la guerre d’agression russe a servi de choc salvateur. L’Europe aurait enfin pris conscience de ses importants déficits en matière de défense. Il semblait confortable de s’abriter sous le bouclier des États-Unis. La donne a changé et les choses risquent encore de s’accentuer avec le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche.
Des élus de la Chambre des représentants, présents ce week-end au Luxembourg, l’ont souligné lors de leurs échanges avec les députés luxembourgeois : chaque État membre de l’OTAN doit investir davantage dans sa défense. La menace de quitter l’Alliance atlantique a été moins clairement formulée que dans les discours du futur président, mais le coup de pression s’est bien fait ressentir. Le Grand-Duché est engagé sur une trajectoire qui doit lui permettre d’atteindre en 2030 l’objectif d’un effort de défense équivalant à 2 % du revenu national brut (RNB). Désormais, certains revendiquent 3 %, 4 %, voire 5 %. Une somme plutôt irréaliste pour un petit pays comme le Luxembourg. Qu’en dira Donald Trump?