Depuis 2014, les élections législatives et européennes n’ont plus lieu le même jour. Jusqu’à la chute du gouvernement de Jean-Claude Juncker à l’été 2013, les deux scrutins étaient toujours alignés. Ce qui a certainement soulagé l’organisation, a pourtant donné lieu à des malversations sur le plan politique. Pas rare en effet de retrouver sur les deux listes des candidats voulant à la fois décrocher un mandat national et européen. Souvent, celui qui a été élu n’a pas siégé, que ce soit au Marché-aux-Herbes ou à Strasbourg.
Dès le départ, les partis luxembourgeois ont considéré comme une chance le décalage des deux scrutins. La politique européenne a ainsi gagné en poids par rapport aux importants enjeux sur le plan national. La plus large place accordée à l’Europe a aussi amené les partis à revoir leurs nominations de candidats. Si on peut aujourd’hui saluer le fait que les sujets européens soient discutés avec plus de profondeur, la tendance à miser sur des candidats ayant déjà un mandat n’a pas disparu.
À onze semaines des élections européennes, la plupart des listes sont connues. Si les eurodéputés sortants Christophe Hansen (CSV), Charles Goerens (DP) et Tilly Metz (déi gréng) figurent sans surprise en tête des listes de leur parti, on retrouve des noms plus surprenants.
Le CSV fait ainsi le pari de présenter une liste démunie de tout poids lourd. Sachant que le système électoral luxembourgeois favorise plus les têtes que les compétences, le Parti chrétien-social pourrait connaître des difficultés pour défendre ses trois sièges. Cela est d’autant plus vrai que le gouvernement est aujourd’hui bien moins contesté qu’en mai 2014, quelques mois à peine après la mise à l’écart du CSV.
Sur les autres listes, on retrouve bon nombre d’élus nationaux (DP, LSAP, ADR). Ces députés vont-ils siéger au Parlement européen en cas d’élection? Ou ont-ils uniquement pour rôle de rafler des voix ? Alors que le respect de l’électeur est de plus en plus remis en question, la tendance à miser sur des têtes pourrait, elle aussi, se retourner contre les partis, déjà malmenés lors des législatives.
David Marques